Pour une seconde saison, François Arnaud reprend la croix, la robe et l'épée de César dans The Borgias, grande série historique consacrée à cette famille italienne qui a régné sur la papauté à la fin du XVe siècle. Gagnant en maturité, son personnage devient peu à peu un homme de pouvoir, dit le comédien québécois en entrevue.

Un coup d'oeil au Petit Robert des noms propres nous rappelle que, même s'il mourut très jeune (31 ans), César Borgia n'en eut pas moins un rôle important dans la montée en puissance de la papauté dans l'Italie divisée de la fin du XVe siècle. Papauté exercée par son père Rodrigo sous le nom d'Alexandre VI.

La définition recoupe parfaitement celle que donne le comédien François Arnaud, qui incarne César dans la télésérie canadienne The Borgias, dont la deuxième saison a démarré hier sur la chaîne Bravo! Après presque six mois de tournage intensif en Hongrie en 2011, Arnaud a pu constater à quel point César gagne en maturité.

«Mon personnage est moins ancré dans l'adolescence, dit-il en riant à l'autre bout du fil à Toronto. César est moins en quête de l'approbation de son père. Il constate que celui-ci a vieilli, qu'il s'en remet trop à sa foi. Pour César, il est temps de prendre les rênes et, à la fin de cette seconde saison, on constatera qu'il est devenu un homme de pouvoir.»

L'écoute des deux premiers épisodes de cette seconde saison nous replonge dans cette Rome où règnent pouvoir, rivalités, sexe, violence, le tout mâtiné de... religion et d'un grand sens de la famille. «On doit être uni, ne faire qu'un», martèle dans le premier épisode le père Rodrigo (Jeremy Irons) à ses fils César et Juan (David Oakes) dont l'antagonisme se gonfle comme une mer déchaînée.

Pour François Arnaud, les intrigues sont plus vite installées dans cette seconde saison. «L'an dernier, on a bien défini l'histoire et les personnages, dit-il. Cette fois, on rentre rapidement dans l'action.»

Renvois au présent

En se documentant pour préparer son rôle, Arnaud a lu sur la papauté et les puissantes familles italiennes de l'époque, que ce soit les Borgias, les Medicis, etc. Il y voit - et on le verra dans la série - certains renvois au présent.

«C'est le cas du religieux Savonarole qui, à Florence, incite la population à élever le bûcher des vanités, indique M. Arnaud. Il convainc les gens de brûler livres et objets d'art. On voit même une toile de Botticelli être détruite. Il encourage les gens à porter des vêtements sobres, endoctrine les enfants dans l'armée. Ça me rappelle ce qui se passe dans le Bible Belt américain avec le créationnisme.»

Au-delà de ses guerres de clans, l'époque en est aussi une de mouvances et de découvertes. C'est sous Alexandre VI, par exemple, que Christophe Colomb met le pied en Amérique. «On verra le pape fumer», pouffe Arnaud.

Le jeune comédien, qui assure qu'on le reverra dans des productions au Québec, est visiblement à l'aise sur le plateau de cette grande production. Il apprécie le travail du réalisateur Neil Jordan qui écrit aussi les textes. «Cela nous permet de beaucoup travailler en amont, dit Arnaud. Neil installe la base sur le terrain et on évolue avec beaucoup de liberté là-dedans.»

Qu'en est-il de sa relation avec Jeremy Irons. «Très bonne, lance le comédien qui, visiblement, attendait la question. Jeremy m'appelle souvent et on discute des scènes à venir. Il me demande mon avis, sollicite mes idées sur telle ou telle réplique, etc.»

Diffusée au Canada, aux États-Unis et dans plusieurs autres pays, la série semble connaître le succès attendu par les producteurs. Une troisième saison n'a pas encore été annoncée, mais d'aucuns s'attendent à ce qu'il y ait une suite.

The Borgias est présentée les dimanches à 22h à Bravo!