L'humoriste Martin Matte achève cette semaine, dans la région parisienne, le tournage de la série télévisée C'est la crise avec Anne Roumanoff. La Presse a passé une journée sur un des plateaux de tournage et a rencontré un Martin Matte en grande forme, qui voit se profiler d'autres projets en France.

Une belle maison de Rueil-Malmaison, dans la banlieue ouest et chic de Paris. Une cinquantaine de techniciens et de comédiens s'activent. On tourne des scènes de C'est la crise, la série télévisée française dans laquelle Martin Matte partage la tête d'affiche avec l'humoriste française Anne Roumanoff.

Martin Matte plaisante avec deux jeunes comédiens, Zoé et Théo. Tout le monde est prêt pour tourner cette scène au cours de laquelle Martin Desjardins (Martin Matte) va poser une nappe sur une table de fortune qui va se briser. La famille Desjardins est ruinée et a dû vendre ses meubles.

«Silence! Le moteur est demandé. Attention!», dit un caméraman. «Action!»

La table se casse trop vite. On essaie avec des assiettes, mais ça ne satisfait pas le réalisateur David Freymond. On recommence. La table se casse. Et Zoé de dire: «J'en ai marre d'être pauvre!»

La série imaginée par Anne Roumanoff évoque avec humour la crise que vivent bien des Européens. Martin Matte incarne un architecte québécois qui vit en France et vient de faire faillite. Sa femme Anne (Anne Roumanoff), qui n'a pas travaillé depuis 15 ans, se voit obligée de retourner au travail à la télévision.

«L'idée n'était pas de montrer des gens de la classe moyenne qui deviennent pauvres, mais plutôt des gens riches qui deviennent des gens de la classe moyenne, explique Anne Roumanoff. Je trouvais ça plus drôle à montrer.»

Le tournage de la série de 15 épisodes de 26 minutes a débuté l'automne dernier et s'achève cette semaine.

«Le rythme est intense. On tourne une douzaine d'heures par jour, dit Martin Matte. Je rentre à 22 h chez moi et je me lève à 6 h, donc c'est très prenant. Mais c'est une très bonne école.»

Le début du tournage n'a pas été facile pour l'humoriste. Inconnu en France, il doit faire ses preuves.

«Contrairement au Québec, ici, il n'avait pas d'égards, surtout au début, dit Anne Roumanoff. Je pense que ça a dû être dur pour lui. Il est une telle star là-bas!»

Martin Matte parle sur le plateau pratiquement comme il le ferait au Québec. Mais quand il utilise des québécismes difficilement compréhensibles par des Français, on le lui dit.

«Je parle un peu plus tranquillement, dit-il. J'ai filtré mes textes, mais les Français sont de plus en plus habitués à notre façon de parler.»

Produite par CALT, la société de Jean-Yves Robin (qui a créé Caméra Café), C'est la crise est dotée d'un budget limité. La série sera diffusée en France l'automne prochain ou en janvier 2013. Et peut-être un jour au Québec.

Pour Anne Roumanoff, il s'agit d'une première expérience de série télévisée. Elle y a incorporé un grand nombre d'humoristes français, dont plusieurs de la relève.

«On a pris des risques, dit-elle, tout comme avec le réalisateur, qui a 25 ans. On a été très libres dans nos choix. Avec Martin, on ne se connaissait pas. On s'était croisés une fois, il y a 10 ans. Et là, on s'est retrouvés mari et femme. Une chance qu'on s'est bien entendus! Il est très talentueux et adorable.»

Martin Matte reviendra au Québec le 6 mars. Il a hâte de revoir sa blonde et ses enfants. Il a bien aimé cette première participation à une sitcom française. L'humoriste risque d'être occupé au cours des prochains mois. Il devait commencer un projet télé avec François Avard qui pourrait être suspendu, tout comme sa rentrée parisienne de septembre 2012, car sa performance dans C'est la crise porte déjà ses fruits.

«Ici, ça fonctionne bien, on me trouve drôle; alors on m'a proposé un autre rôle très important, un gros projet télé, révèle-t-il. Ce sera une série plus grand public et plus importante.»

Si ça fonctionne, Martin Matte devra encore reporter ses autres projets.

«J'ai mes shows de scène à préparer, dit-il. J'ai fait une chronique radio sur Europe 1. En juin, ils veulent que je participe au festival Paris fait sa comédie. C'est un rythme effarant. C'est tant mieux pour moi, car ça permet de me faire connaître. La télé, c'est un plus.»

Les Québécois de C'est la crise

L'humoriste Anne Roumanoff a fait appel à plusieurs Québécois pour son projet de série télé. L'humoriste Nicolas Pinson, qui mène une carrière en France, joue le rôle du meilleur ami de Martin Matte. Pierre Brassard est venu tourner une journée l'automne dernier, et François Avard a apporté sa touche pour la mise au point du scénario.

«J'avais contacté François avant même qu'il ne soit question de Martin Matte, dit Anne Roumanoff. J'ai été ravie de travailler avec lui, car il m'a beaucoup apporté. Des sketchs et une série télé, ce n'est pas la même chose. Il a relu les scénarios en coupant des bouts, en rajoutant des vannes. À chaque fois, je me disais: wow! comment j'ai pu ne pas penser à ça?»

Pour rajouter des punchs à l'histoire, Anne Roumanoff a aussi fait appel au scripteur de Peter MacLeod, Louis-Philippe Rivard, et à l'humoriste Pierre-Bruno Rivard.