Produite par Martin Scorsese, qui en a aussi réalisé le premier des 12 épisodes, et développée par Terence Winter (The Sopranos), la saison inaugurale de Boardwalk Empire a été lancée hier en DVD et Blu-ray. Un incontournable, façon Mad Men, The Tudors ou encore Deadwood - de laquelle, d'une certaine manière, elle se rapproche: les deux séries tracent le portrait de villes à un moment clé de leur histoire.

Ainsi, là où Deadwood s'intéressait au développement d'une bourgade pendant la ruée vers l'or, Boardwalk Empire se penche sur le destin d'Atlantic City, devenue carte maîtresse sur l'échiquier du crime organisé lors des années de la prohibition. Et qui dit ville, dit habitants. Les deux émissions collent encore ici à la réalité, même si quelques noms ont été modifiés et quelques personnages, imaginés.

Ainsi, au coeur de l'émission se trouve Enoch Thompson, homme politique véreux inspiré d'Enoch Johnson, interprété avec brio par Steve Buscemi, qui avait déjà participé à The Sopranos. Terence Winter le voulait en tête d'affiche dans son nouveau projet. Vincent Piazza, qui incarne Charles «Lucky» Luciano, a lui aussi participé à la série culte. Mais ce n'est pas l'unique raison pour laquelle il fait partie de la distribution de Boardwalk Empire.

«J'ai grandi dans Queens. Ça m'a servi d'introduction aux gangsters contemporains. J'ai commencé à lire sur le sujet et je suis devenu obsédé par l'histoire de la mafia et du crime organisé», a-t-il raconté en entrevue à La Presse. Il s'est mis à dévorer des biographies, des pièces de théâtre et de vieux films noirs sur le sujet. Puis, il est tombé sur un livre d'histoires pour enfants écrites dans les années 20, celles de la prohibition. Poussé par son instinct, il a écrit un monologue et s'est enregistré, en vidéo, incarnant un jeune mafieux racontant ces récits à son fils afin de l'éduquer. «Quand j'ai donné ça à mon agente, elle a pensé que j'étais fou, pouffe-t-il. Mais elle a conservé l'enregistrement et lorsque le projet Boardwalk Empire a été dévoilé, elle l'a envoyé au bureau de Martin Scorsese. C'est ainsi que j'ai eu le rôle.»

C'était en décembre 2008. Le tournage commençait en juin 2009. Cela a donné le temps à ce perfectionniste d'approfondir ses connaissances sur Lucky Luciano. On connaît l'histoire de cet homme adulte, mais beaucoup moins ses années de jeunesse et son ascension. Vincent Piazza s'est donc mis à la recherche d'informations. Dans les écrits portant sur d'autres figures connues du crime organisé, dans les dossiers du FBI, etc. «J'ai découvert un type plus complexe que je l'imaginais, j'ai appris sur son rapport tumultueux et même violent avec les femmes, j'ai creusé ses relations avec sa famille et ses partenaires d'affaires.»

Apprenant ainsi qu'il avait été à la tête du plus important réseau de trafic d'héroïne en Europe, ou encore qu'il s'était arrangé pour attraper la gonorrhée afin de ne pas être envoyé au front pendant la Première Guerre mondiale. «C'était un jeune immigrant qui détestait les autorités et a essayé de trouver une nouvelle façon de faire des affaires. Il était d'origine sicilienne, une culture assez dominante en ce qui a trait au pouvoir de la rue. Mais il a grandi dans un quartier juif de New York et, ainsi, comprenait les deux cultures. Cela lui a permis de modeler sa carrière criminelle», explique le comédien.

Travailler avec Martin Scorsese

Après toutes ces recherches, Vincent Piazza s'est retrouvé devant la caméra de Martin Scorsese et des réalisateurs qui lui ont succédé dans un tournage où le souci du détail, l'ampleur des décors et les costumes ont une grande importance. «Tout fait oublier que nous travaillons pour la télévision. Nous avons l'impression de tourner un très long film».

Un film qui se poursuit aujourd'hui puisque la deuxième saison de Boardwalk Empire a été diffusée cet automne et que la série a été renouvelée pour une troisième année.

______________________________

BOARDWALK EMPIRE ****1/2

Créée par Terence Winter.

Avec Steve Buscemi, Michael Pitt, Kelly Macdonald, Michael Shannon, Vincent Piazza.