Quand elle a été pressentie pour interpréter Viviane dans 11 règles, une websérie mettant en vedette un couple dans la quarantaine qui décide de s'adonner à l'échangisme, Marie-Chantal Perron n'osait même pas imaginer qu'elle serait payée...

Et pour cause, le cachet versé aux comédiens dans les productions web va de pair avec les budgets et rime donc bien souvent avec régime minceur. Pourtant, plusieurs producteurs déplorent le fait que le salaire des acteurs représente leur plus gros poste de dépense, en raison des règles édictées par l'Union des artistes (UDA). Une pression financière qu'ils pourront difficilement maintenir encore longtemps, disent-ils.

«Mon budget UDA a presque doublé par rapport à ce que j'avais prévu au départ», racontait Julien Roussin-Côté, producteur de Dakodak, lors d'un rassemblement réunissant plusieurs artisans de l'industrie de la webtélé, il y a quelques semaines. Celui-ci confiait du même souffle avoir eu des négociations houleuses avec l'UDA.

Cela dit, les Anne Dorval, François Létourneau et Marie-Hélène Thibault de ce monde, qui décident de quitter momentanément la télé pour l'écran de l'ordinateur, acceptent du coup de recevoir un salaire moindre puisque le cachet minimal pour un rôle en webtélé équivaut à un peu moins de la moitié de la somme gagnée en télévision.

Certains comédiens, qui veulent donner un coup de pouce à un jeune réalisateur, par exemple, seraient même prêts à travailler bénévolement. «Il y a des gens qui aimeraient le faire et qui disent ne pas avoir besoin des cachets minimaux, des droits de suite ou des per diem», explique Claire Dion, directrice adjointe du Fonds indépendant de production (FIP). Mais l'UDA s'oppose farouchement à cette pratique qu'elle qualifie de «travail au noir».

«C'est toujours le même argument, déplore Raymond Legault, président de l'Union. S'il faut payer les acteurs, ce n'est pas rentable, nous dit-on. Le travail qui est fait en webtélé est le même qu'à la télé. Il y a un texte à apprendre. On ne peut pas tout sacrifier sur l'autel de la créativité.»

Malgré tout, l'UDA se dit prête à discuter pour trouver une solution. M. Legault rappelle qu'il n'existe pas d'association de producteurs web. Il est quasi impossible de comptabiliser le nombre de boîtes qui font de la télé destinée à l'internet. «Mais on ne va pas niveler par le bas, prévient-il. Si ce qu'on veut, c'est demander que les comédiens ne soient pas payés, jamais!»