La récolte a été fructueuse pour les artisans de Glee dimanche dernier au gala des Golden Globes: trois prix, dont celui de la comédie de l'année. Les acteurs Chris Colfer (Kurt) et Jane Lynch (Sue Sylvester) ont aussi été salués. Toutes les semaines, Glee met en scène une bande d'ados dépareillés qui s'amusent au sein d'une troupe de théâtre musical. Ils chantent, dansent et apprennent -à la dure- la réalité des classes sociales au secondaire. Nous avons visité en primeur les décors de Glee à Hollywood et parlé avec ses principaux artisans.

Le ciel est d'un bleu acier au-dessus des studios Paramount, avenue Melrose, à Hollywood, mais le soleil californien ne réchauffe absolument rien: on gèle en ce petit matin d'hiver.

Et on grelottera encore plus dans les décors froids et humides de l'école McKinley High pendant toute la journée. C'est pourtant ici, dans le hangar numéro 12 d'un complexe cinématographique du géant Paramount, où s'aligne une constellation d'immeubles beiges et anonymes, que se tourne la série la plus chaleureuse, la plus sucrée et la plus ravigotante du petit écran: Glee.

Visite rapide des lieux: tiens, le bureau de la vilaine Sue Sylvester (brillante Jane Lynch, récompensée aux Golden Globes dimanche dernier). Ah, voilà les casiers rouge pompier du vestiaire. Nous passons ensuite devant l'immense salle de répétition du prof Will Schuester, pour terminer dans le corridor principal -peu impressionnant- où les vilains de McKinley High jettent régulièrement des verres de sloche au visage des «rejets». Oui, il s'agit de vraie sloche bien glacée, bien granuleuse, qui dégouline sur le visage des acteurs.

«Sérieusement, c'est comme si quelqu'un te lançait un iceberg en pleine face. Après l'accouchement, je crois qu'il s'agit de la chose la plus douloureuse », indique en rigolant Chris Colfer, alias Kurt, qui a reçu le plus grand nombre de ces «douches froides» de toute la distribution de Glee.

Avant la diffusion du pilote en mai 2009, à peu près aucun acteur de Glee n'était connu. Du jour au lendemain, boum! leur notoriété a explosé. De grandes stars du cinéma comme Gwyneth Paltrow et Javier Bardem apparaissent maintenant dans cette sympathique comédie musicale télévisée, où l'on y entend autant Rehab d'Amy Winehouse, Proud Mary de CCR que Don't Stop Believing de Journey. Des épisodes thématiques sur Lady Gaga et Madonna ont aussi été concoctés.

Malgré la forte pression médiatique, la (jeune) distribution de Glee évite encore les scandales à la Lindsay Lohan. N'empêche: plusieurs potins de plateau bourdonnent. Ici, Lea Michele, qui incarne Rachel Berry la parfaite, a été rebaptisée Princesse Lea en raison de son caractère de diva. Devant nous, la filiforme Lea Michele sourit abondamment, rit poliment, mais ne dégage aucune sincérité ni authenticité. On la sent jouer un rôle: celui de la petite parfaite. Comme dans Glee.

En entrevue, l'actrice de 24 ans récite, tel un robot programmé, un chapelet de clichés, que l'on rebaptisera «glichés» pour l'occasion: je suis heureuse, tout va au-delà de mes espérances, bla, bla, bla. Elle aimerait que Barbra Streisand et Justin Timberlake décrochent un petit rôle dans Glee. «Mais en même temps, je crois qu'on ne devrait pas rencontrer nos idoles», corrige-t-elle avec son grand sourire blanc lavabo tout en jouant avec ses longs cheveux noirs.

Lea Michele insist: « Nous faisons une émission amusante qui véhicule des messages positifs comme: crois en toi et n'oublie jamais qui tu es.» Ça va, on a compris.

Ce qu'on veut savoir, c'est: est-ce que Rachel finira un jour dans les bras de Finn? «On devrait nommer une montagne russe en leur honneur», rigole Lea Michele, sans offrir de réponse claire. «En fait, ils sont comme Ross et Rachel dans Friends», ajoute Cory Monteith, l'interprète du fameux Finn Hudson, qui a 18 ans dans l'émission, mais presque 30 dans la vraie vie.

Cravate rayée sur chemise grise, Matthew Morrison, 32 ans, est l'autre star de Glee. Avant que sa carrière télévisuelle ne démarre, il a fait partie du boy band LMNT, formé des exclus d'un groupe encore plus atroce, soit O-Town. «Ce fut la pire année de ma vie, se souvient-il. J'étais toujours gêné d'être sur la scène. Ça résume bien mon année, je crois.»

On ne peut pas interviewer Matthew Morrison sans lui parler de ses beaux cheveux, parfaitement ondulés et d'une brillance impeccable. «Ça me vient de ma mère. Sérieusement, mes cheveux devraient faire plus d'argent que moi. C'est devenu un running gag pour les scénaristes que d'écrire des gags sur ma chevelure. Ça donne du bon matériel à Sue Sylvester», sourit-il.

Autre sujet brûlant: Emma et Will renoueront-ils? «On adore garder le suspense. Et je préfère jouer Will quand il est célibataire», indique Matthew Morrison.

En un claquement de doigts, Matthew Morrison est passé de l'anonymat total à «je me fais attaquer par des adolescentes hystériques au centre commercial». «Au début, c'était cool. Mais maintenant, je me fais arrêter partout. Will est tellement gentil que tout le monde veut lui confier ses problèmes», explique Morrison.

Dans la vie, Morrison est hyper solitaire (et célibataire). «Je pratique des sports individuels, je cours, je fais du vélo et j'enregistre des chansons pour mon nouvel album de pop adulte», glisse-t-il.

Autre sportif de la distribution: Cory Monteith, alias Finn Hudson, le quart-arrière de l'équipe de football qui s'époumone aussi dans la troupe de M. Schuster. C'est d'une évidence crasse dans les premiers épisodes: Cory en arrache dans les chorégraphies. «Je deviens meilleur avec les pas de danse, j'ai plus confiance, rigole-t-il. Et Glee, c'est la meilleure école».

Dans un épisode que vous verrez l'automne prochain sur V, Finn défend un camarade de classe -Kurt- ouvertement gai. «C'est vraiment bien de pouvoir présenter cette relation-là à la télévision, quelqu'un qui se tient debout pour l'égalité», martèle Cory Monteith, originaire de Vancouver, qui n'a rien en commun avec le Finn qu'il incarne au petit écran.

«Au secondaire, je jouais de la batterie et je ne fréquentais pas les bonnes personnes. J'étais sur la mauvaise track», dit-il.

Résultat? Cory Monteith n'a jamais obtenu son diplôme du secondaire. Vous auriez dû voir le visage crispé de sa relationniste quand il a raconté cette anecdote. Bienvenue à Hollywood, les amis.