«Chapeau!» ai-je pensé en voyant l'échafaudage de plumes et de tissu qu'arbore Mariloup Wolfe lors de son entrée dans Musée Eden. «Chapeau!» ai-je de nouveau pensé - mais là, dans le sens de bravo - après le neuvième et dernier épisode de cette surprenante série écrite par Gilles Desjardins et réalisée par Alain DesRochers.

Neuf épisodes menant à une conclusion un peu tirée par les cheveux, mais qui profitent à merveille de la rafale que permet la consommation en DVD, à la manière des bonnes séries à suspense. Premièrement, parce qu'on n'a pas envie d'attendre. Deuxièmement, parce que les indices donnés dans un épisode sont tout frais en mémoire quand on en regarde un autre, et le casse-tête prend forme de façon plus satisfaisante (et rapide).

Musée Eden, donc, c'est l'histoire de Camille et Florence Courval (Mariloup Wolfe et Laurence Leboeuf), deux soeurs qui ont grandi à Saint-Boniface, au Manitoba, et qui, en cette année 1910, arrivent à Montréal. Leur oncle a été assassiné et il leur a légué son musée, un musée bien particulier: au moyen de statues de cire, on y reconstitue des scènes de crime. Et des crimes, il y en a beaucoup dans cette ville de perdition et son red light! Pauvreté, prostitution, vols, échauffourées en pleine rue en sont le quotidien. La «nouveauté»: des meurtres d'un sordide jamais vu... sinon peut-être à Londres, dans le quartier de Whitechapel , une vingtaine d'années plus tôt.

Les deux soeurs seront plongées jusqu'au cou dans l'enquête qui s'ensuivra. Côtoieront ainsi un journaliste spécialisé en affaires criminelles (Éric Bruneau, excellent), un médecin légiste à la fine pointe des technologies de l'époque (Paul Doucet, formidable), un inspecteur aussi efficace que véreux (Guy Nadon, renversant), etc.

Côté forme, on est soufflé par la reconstitution d'époque, par la manière dont ces acteurs que l'on connaît «par coeur» n'ont pas l'air «déguisés» sous les postiches capillaires et les vêtements du temps jadis. Et puis, il y a le fond, le contenu. Dans une longue entrevue qui fait partie des suppléments (pour une fois, rarissime, oui, une série québécoise compte des «bonus» !), Gilles Desjardins évoque les origines de la série et les recherches exhaustives qu'il a menées avant de se mettre à l'écriture. C'est impressionnant. Au moins autant que la série dont il a accouché - et dont on attend la suite avant grande impatience pour encore lui tirer notre... chapeau.

MUSÉE EDEN 1

CRÉÉE PAR GILLES DESJARDINS ET RÉALISÉE PAR ALAIN DESROCHERS. AVEC MARILOUP WOLFE, LAURENCE LEBOEUF, PAUL DOUCET, GUY NADON