Rémy Girard devient un vétéran espion qui aime le bon vin, la bouffe et les femmes dans la comédie InSecurity que diffusera la CBC en janvier. Si les Américains n'osent pas rire de l'obsession de la sécurité, les Canadiens le feront à leur place!

Une comédie télévisée sur le monde de l'espionnage, on n'a sans doute pas vu ça depuis Get Smart (Max la menace, en français) dans les années 60, croit Rémy Girard. Pourtant, les téléséries dramatiques sur le thème de l'espionnage, du terrorisme et de la torture pullulent à la télé, particulièrement aux États-Unis.

Obsédés par la sécurité depuis les attentats terroristes que l'on sait, les télés américaines ne sont peut-être pas prêtes à en rire. Mais les téléspectateurs, si, croit Virginia Thompson, productrice d'InSecurity, comédie rafraîchissante qui mettra notamment en vedette le populaire acteur québécois le mardi soir à 20 h 30 sur la chaîne anglaise de Radio-Canada à compter du 4 janvier. Une case horaire idéale, tout de suite après le décapant Rick Mercer Report, qui confirme les attentes élevées de la CBC envers le nouveau bébé des artisans de la comédie à succès Corner Gas.

Dès qu'il a été question d'un espion francophone, Virginia Thompson et ses complices Robert de Lint et Rick White ont tout de suite rêvé à Rémy Girard sans trop y croire. «Rémy a joué dans Jésus de Montréal, Les invasions barbares et Les Bougon, on ne croyait jamais qu'il accepterait, se souvient la productrice qui a grandi à Montréal. J'ai fait quelque chose que je ne fais jamais: j'ai appelé son agent, je lui ai envoyé un scénario et j'ai pris l'avion pour Montréal. C'est un tel honneur qu'il ait accepté! Le reste du Canada connaît Rémy et on espère qu'il le connaîtra encore mieux avec notre émission.»

«C'est une grosse émission en prime time et si ça marche, ça pourrait m'amener d'autres débouchés. Je ne déteste pas tourner en anglais et plus je travaille en anglais, plus mon anglais s'améliore», convient l'acteur québécois, qui était en mode promotion hier matin comme il l'a été à Toronto la semaine dernière et le sera à Ottawa aujourd'hui: «À Toronto, c'était le lancement de la programmation d'hiver de la CBC et on a fini plus tard que les autres parce que tous les médias voulaient nous parler.»

Ottawa à Regina

La NISA (National Intelligence Security Agency), dont fait partie le personnage qu'incarne Rémy Girard, Claude Lesage, est établie à Ottawa, mais toutes les scènes ont été tournées à Regina du 2 juillet au 27 septembre derniers. Le comédien a donc dû se taper de fréquents et exténuants allers-retours pour participer au tournage des Boys. C'est que Regina a droit aux fonds mis à la disposition des productions en région, mais aussi qu'il est également mieux équipé qu'Ottawa pour les tournages, souligne Girard.

Les six agents d'élite de la NISA commettent gaffe par-dessus gaffe, mais finissent presque malgré eux par triompher des terroristes et des espions russes auxquels ils sont confrontés dans les deux premiers épisodes de la série. Les scénaristes, qui ont travaillé sur Corner Gas et This Hour Has 22 Minutes, s'y permettent des clins d'oeil à Get Smart, mais aussi aux CSI, aux James Bond (pour la musique) et même à Chapeau melon et bottes de cuir. Ainsi qu'à 24, série culte à laquelle on ne pourra s'empêcher de penser pendant l'hilarante séance de torture que doit subir Alex, la belle collègue de Claude Lesage, dans le premier épisode.

«Quand on traite d'espionnage, les attentes sont énormes, rappelle Virginia Thompson. Après avoir fait une première émission-pilote plus verbeuse, on a décidé de plonger dans l'action et de s'amuser. C'est un défi, évidemment, parce qu'on a un budget canadien. Mais si le public regarde 24, il s'attend à ce que notre décor soit aussi beau et Alex a la chevelure, les bottes et le maquillage de CSI parce que ça fait partie de la culture populaire partout dans le monde.»

Il y a aussi une bonne dose d'autodérision dans InSecurity, dont les agents se prennent très au sérieux, préoccupés qu'ils sont à protéger des méchants Russes le super sous-marin secret canadien dans l'Arctique. «Je dirais même que les Canadiens anglais sont plus portés que nous sur l'autodérision, dit Girard. Si la série a du succès, tous les acteurs au Canada anglais vont vouloir venir jouer un rôle de méchant parce que nos méchants sont très drôles.»

Quand Claude Lesage lève le ton, c'est en français que les mots fusent. Mais même en anglais, Rémy Girard ne perd rien de son naturel: «Ça les a bien impressionnés, dit-il de ses collègues. Je travaille fort parce que c'est plus ardu pour moi d'apprendre le texte et de le dire avec le rythme voulu.»