La rivalité s'installe entre La série Montréal-Québec et la Ligue nord-américaine de hockey (LNAH). De part et d'autre de la patinoire, on semble jouer du coude le long de la bande pour courtiser les joueurs. Plusieurs équipes de la LNAH accusent les recruteurs de la téléréalité de faire de l'oeil à leurs membres en leur faisant même miroiter une place dans l'alignement, a appris La Presse.

Les hostilités entre la Vieille Capitale et la métropole reprendront du service en janvier avec le retour sur les ondes de TVA de La série Montréal-Québec, pilotée par Stéphane Laporte et Julie Snyder, des Productions J. Visiblement déterminés à rehausser le calibre de jeu des deux équipes qui s'affrontent - les Bleus et les Rouges -, les recruteurs de l'émission lorgneraient cette année la LNAH en assurant à certains joueurs une place dans l'équipe, avant même de les avoir vus à l'oeuvre en audition.

C'est que cette ligue semi-professionnelle compte plusieurs hockeyeurs ayant déjà joué dans la Ligue américaine ou encore des ligues européennes. Si les Productions J se défendent bien de faire la cour à qui que ce soit, les responsables des équipes de la LNAH affirment que certains de leurs membres ont été sondés et ils n'apprécient pas du tout cette stratégie qui risque de leur faire perdre des athlètes.

«Je trouve ça déplorable qu'ils s'en prennent à notre ligue pour essayer de se faire un capital télévisuel du dimanche soir, lance sans détour François Jacques, directeur général de l'Isothermic de Thetford Mines, l'une des sept équipes de la ligue. Il y a quatre de nos joueurs qui ont été appelés pour aller faire la deuxième audition, alors qu'ils n'étaient pas allés à la première.»

Lors de la première mouture de l'émission, diffusée l'hiver dernier, le problème ne s'était pas posé puisque, pour participer, les candidats devaient être des amateurs n'ayant «jamais signé un contrat professionnel pour jouer au hockey». Or, les hockeyeurs faisant partie de la LNAH sont liés par des ententes signées avec leur équipe. S'ils occupent des emplois en dehors de la patinoire, ils gagnent en moyenne 650 $ par semaine pour jouer au hockey. Cette année, toutefois, seuls les candidats ayant participé à un match de la Ligue nationale de hockey (LNH) ne sont pas admissibles.

Et la formation de Thetford Mines n'est pas la seule à vivre cette chasse aux joueurs puisque des membres des équipes du GCI de Sorel-Tracy et du Caron et Guay de Trois-Rivières auraient eux aussi reçu des coups de fil de la part des recruteurs de la téléréalité.

«Belles promesses»

Au dire des représentants d'équipe interrogés, on semble faire de «belles promesses» à ces joueurs pour les convaincre de quitter leur équipe pendant un mois, le temps d'enfiler le chandail rouge ou bleu et de participer au tournage de La série Montréal-Québec.

Une information que confirme un joueur lui-même courtisé. En plus d'une place dans l'équipe, on leur laisse entendre qu'une apparition à la télévision peut leur donner de belles occasions dans leur vie professionnelle.

«C'est censé être des auditions pures et dures. Mais ce n'est pas vrai», déplore Dean Lygitsakos, directeur général et entraîneur-chef du Caron et Guay de Trois-Rivières.

Ainsi, plusieurs équipes craignent que leurs joueurs soient tentés par l'expérience. «Mon entreprise, c'est mes joueurs, rappelle Dean Lygitsakos. Il y a des spectateurs qui paient pour voir un match et lorsque nos meilleurs éléments ne sont pas présents, c'est flouer un peu notre public.»

«On a des détenteurs de billets de saison, on a des commanditaires, il y a des investissements qui ont été faits, des équipements qui ont été achetés, ajoute-t-il. Si ces joueurs-là manquent un mois, c'est énorme pour une saison de hockey.»

En principe, comme ces hockeyeurs sont sous contrat, ils doivent se présenter à toutes les parties. S'ils brillent par leur absence, ils sont passibles de sanctions pouvant aller jusqu'à la suspension.

Productions J

Pourtant, du côté des Productions J, on se défend bien de faire la cour à d'éventuels candidats. «On n'a pris contact avec aucun joueur, assure Stéphane Laporte, concepteur de la téléréalité La série Montréal-Québec. C'était des portes ouvertes. On a reçu des milliers et des milliers de joueurs, indique-t-il. On est dans le processus de sélection qui va se terminer vers la fin décembre pour la composition des deux équipes. Il n'y a aucun joueur en ce moment qui sait s'il va faire partie de l'équipe ou pas.»

Stéphane Laporte dit n'avoir eu vent d'aucune inquiétude formulée par la LNAH. «Personne n'a appelé les Productions J ou La Série Montréal-Québec pour faire part de ces inquiétudes-là, souligne-t-il. Je ne vois pas où est le problème. Si jamais il y en a un, on va essayer de faire en sorte que tout le monde soit content.»