Il existe une foultitude de séries américaines de qualité, et les Nord-Américains que nous sommes les apprécient. Hélas, même si elles sont ou ont été diffusées en français à la télévision, quand vient le temps de les acheter en coffret DVD, on ne les trouve que très peu souvent doublées dans notre langue.

«Seuls 11,9 % des séries sorties au cours des trois premiers trimestres de 2010 l'ont été avec un doublage en français», constate Mathieu Daoust, rédacteur en chef du magazine web dvdenfrancais.com. C'est moins qu'en 2009, alors que 13,8 % des coffrets DVD de séries américaines contenaient une piste en français (le pourcentage était de 11,7 % en 2007 et de 10,8 % en 2008). On ne parlera pas même pas des sous-titres en français, encore plus rares...

Pour fins de comparaison, voici les pourcentages des longs métrages doublés en français au cours des derniers mois, tels qu'établis par Mathieu Daoust: les films d'action le sont à 64,3 %, les films d'animation à 63,2 %, les drames à 40,2 % les comédies à 36,9 % et le fantastique/film noir à 36,4 %. Bref, la série télé a la portion congrue. Car rien, pas de loi ni de règlement, n'oblige les studios américains à fournir une version doublée (quand elles existent). Les films, oui. Les téléséries, non.

Ce n'est pourtant pas faute d'intérêt du public: «Au cours de la dernière année, on a vendu plus de 1300 séries télé différentes, estime Blaise Renaud, directeur commercial des librairies Renaud-Bray. Il y a quelques années, on vendait 300 exemplaires d'une série. Aujourd'hui, c'est par milliers qu'on les vend.» De ces 1300 séries (dont le total des ventes dépasse les 35 000 unités), 240 sont québécoises et représentent des ventes de 12 000 unités. Le marché anglo-saxon, particulièrement américain, occupe donc une bonne part du marché.

«Or, ce n'est pas dans les habitudes de la grande majorité des Québécois de regarder la télévision en anglais, poursuit Blaise Renaud. Et même ceux qui voudraient regarder certaines séries sur le câble n'ont pas toujours accès aux chaînes qui les diffusent, selon la région où ils habitent.»

Même son de cloche chez Métro Vidéo, boutique spécialisée en DVD et Blue-ray qui tient quelque 30 000 titres, et qui est pourtant installée en plein centre-ville de Montréal: «Oui, mes clients parlent pas mal tous anglais, explique le propriétaire Martin Pollmueller, mais pas le reste de leur famille! Seulement, ça représente un trop petit marché pour les studios américains. Et pourtant, quand c'est en français, ça vend: une série (allemande) comme Berlin, Berlin n'a pas beaucoup fonctionné en anglais, mais elle nous est très demandée parce qu'elle est en français et qu'elle est diffusée sur Séries+.»

Idem pour des séries comme Hercule Poirot, conçue en Grande-Bretagne, mais qui trônait au sommet des ventes de téléséries chez Renaud-Bray l'an dernier parce qu'elle est doublée en français.

«Il y a des efforts, conclut Mathieu Daoust. Au cours des derniers mois, des studios comme Warner et Universal ont lancé près de 40 % de leurs produits en version doublée. Mais plusieurs autres gros joueurs n'ont pas la même sensibilité. Je suis bilingue et je peux écouter sans problème les séries en anglais, mais ça ne m'empêche pas de penser que le respect de la clientèle francophone est un minimum: le français, c'est notre langue officielle.»