«La télé québécoise est très axée sur la famille», observe Bernard Dansereau, coauteur de la série judiciaire Toute la vérité à TVA avec sa conjointe Annie Piérard. Ici, les personnages passent avant tout et leur intimité aussi, pense-t-il. «L'aspect juridique représente le quart de notre émission et tout le reste, l'intimité des personnages, leurs amours, etc. Aux États-Unis, ce serait le contraire.»

L'auteur reconnaît néanmoins que les Américains sont passés maîtres dans l'art de décrire le monde judiciaire à l'écran, que ce soit dans Ally McBeal ou Boston Legal, qu'il trouve très drôle. Annie Piérard et lui se sont demandé pourquoi les Québécois n'en faisaient pas, avant de créer Toute la vérité.

Auteur de la série Les hauts et les bas de Sophie Paquin à Radio-Canada, Richard Blaimert apprécie particulièrement la télé américaine, notamment les séries de HBO. «On a l'impression qu'ils peuvent tout faire. Chez nous, on nous dit souvent: «Tu ne peux pas faire ça, tu ne peux pas faire ça...»»

Il ne manque pas In Treatment, The Good Wife et Modern Family. Son oeuvre a pourtant été très influencée par la télé made in Quebec qu'il regardait avant 30 ans, l'âge où il a appris l'anglais. «J'ai eu l'impression qu'on a commencé à s'intéresser à l'action avec Lance et compte. Les Américains y étaient bien avant.»

Richard Blaimert trouve cruelle la manie des réseaux américains de souvent déprogrammer les séries au bout de deux ou trois épisodes, faute d'audience. La série Lone Star, sur un arnaqueur menant une double vie à Fox, a sauté après deux épisodes. «On devient paranoïaque parce qu'on ne sait jamais si notre série va survivre», déplore l'auteur.

Même frustration chez Bernard Dansereau, qui a aussi écrit Annie et ses hommes. «Si on faisait ça ici, Annie aurait été annulée dès le début. C'était vraiment pas fort en cotes d'écoute.» La patience de TVA et du producteur a permis aux auteurs d'Annie de mieux doser le drame et l'humour dès la deuxième saison.

Bernard Dansereau et Annie Piérard sont les rares auteurs à travailler avec une équipe de scripteurs, comme leurs collègues américains. «Si eux réussissent à travailler à plusieurs, pourquoi on n'y arrive pas ici?» s'est-il demandé. Plus il y a de têtes, plus il y a d'idées.

Richard Blaimert privilégie l'écriture en solo. «Il y a un fantasme d'arriver au bureau avec huit créateurs qui ne se consacrent qu'à notre show. Mais écrire seul me donne une liberté que j'aime.»

Il n'est jamais venu à l'esprit de Bernard Dansereau d'aller travailler aux États-Unis, en raison de la langue, oui, mais aussi des pressions dont les auteurs sont la cible. «Ceux qui réussissent aux États-Unis sont à moitié fous! On aurait eu des occasions en France, mais ici, on est vraiment bien.»

Fan de Dexter, Bernard Dansereau admire la finesse et l'originalité avec lesquelles les créateurs de ce tueur en série bouclent leurs intrigues. Son top 3 à vie comporte Ally McBeal, Six Feet Under, mais surtout la série sur la politique américaine The West Wing. «J'aimais qu'on montre des personnages qui croient en ce qu'ils font.»

Richard Blaimert se dit déçu de la présente saison aux États-Unis. «J'ai eu un coup de coeur pour le pilote de Raising Hope, mais je m'en suis vite lassé. Je suis un accro de The Event, à mi-chemin entre Lost et 24

Pour Richard Blaimert, la télé québécoise n'a absolument pas à rougir de ce que font les États-Unis. «Une série comme Aveux, par exemple, n'a rien à envier à la télé américaine. Même chose pour Musée Eden