Le talent de Maxim Gaudette se décline sur toutes les plateformes cet automne. En plus d'être du nouveau film de Denis Villeneuve, Incendies, l'acteur joue dans la télésérie Les rescapés et dans la reprise d'une pièce de Larry Tremblay.

Incendies, de Denis Villeneuve, a été présenté en première mondiale vendredi à Venise. Retenu à Montréal en raison d'un engagement au théâtre, Maxim Gaudette, qui y joue un jeune homme parti malgré lui en quête de ses origines, n'a pas pu goûter l'ovation qui a suivi la projection.

«Je me dis qu'il y aura d'autres occasions. J'ai eu la chance d'aller à Cannes avec Polytechnique», se consolait déjà l'acteur de 36 ans au moment de sa rencontre avec La Presse, jeudi après-midi. La rencontre n'a pas lieu à Venise, donc, mais dans un café de la Petite Italie.

Il ne cherche pas à compenser son rendez-vous manqué avec la Sérénissime. «J'aime les endroits où je ne connais personne», explique-t-il simplement. Il ne fréquente pas souvent ce café-ci, mais a ses habitudes dans un autre, plus calme, où il lui arrive d'aller apprendre des textes.

Maxim Gaudette est un artiste humble. Sa présence, sur scène comme à l'écran, est magnétique. Simon Marwan, son personnage dans Incendies, est d'ailleurs aussi marquant que peu bavard. Or, attablé dans un café, l'acteur semble chercher à se fondre dans le décor.

«Je ne suis pas là pour me mettre en valeur. Je ne fais pas ce métier-là pour ça, glissera-t-il d'ailleurs dans la conversation. Ce sont les idées et les personnages qui comptent. Je ne suis pas si intéressant que ça, en quelque part.» Il laisse tomber la dernière phrase en échappant un rire et un sourire gênés.

Volontiers en retrait

Sorti du Conservatoire d'art dramatique de Montréal en 1997 en même temps qu'Isabelle Blais , Maxim Gaudette a tout de suite commencé à jouer, tant au théâtre qu'au petit écran. Il a déjà foulé la plupart des grandes scènes montréalaises lorsqu'il décroche un premier rôle marquant à la télévision: Éric Pouliot, un petit dur dans Virginie.

Avec Polytechnique, dans lequel il incarne le tueur, c'est la consécration: il remporte coup sur coup le Jutra et le Genie remis au meilleur acteur de soutien. Significative, cette reconnaissance d'acteur «de soutien». Maxime Gaudette a déjà tenu des premiers rôles, surtout au théâtre, mais ne semble pas chercher à être le point focal d'une distribution ce qui ne l'empêche jamais de briller.

Il défend volontiers des personnages en retrait et pas toujours sympathiques. Simon Marwan est de ceux-là. Il se braque et est têtu jusqu'à en avoir l'air bête et borné. «Ça le fâche vraiment que sa mère ne parle pas, d'apprendre que son père n'est pas mort et qu'il a un frère, détaille le comédien. Comme il ne sait pas par quoi sa mère est passée, il ne peut pas la comprendre.»

Charles Boivin, personnage qu'il campe dans la série Les Rescapés, qui débute ce soir à Radio-Canada, s'avère déjà plus facile d'approche. «C'est un jeune homme ambitieux, qui doit faire face à un père très années 60: autoritaire et très attaché à la religion», raconte le comédien.

Il devra travailler fort pour faire valoir ses idées et peut-être ramener à bon port sa famille égarée dans le futur. «On cherche à rentrer, mais on a plusieurs choses à régler. Comme le conflit père-fils. Ce qui, au début, peut paraître destructeur va devenir positif à la longue.»

Un miroir pour les humains

Polytechnique demeurera un moment charnière de sa carrière. «Tout à coup, un rôle avait un portée sociale très importante», observe-t-il. Maxim Gaudette a toujours pensé que le métier d'acteur était «important pour nous». On comprend que c'est parce que de voir des êtres humains en jouer d'autres nous permet de nous scruter, de nous comprendre et parfois de rire de nous-mêmes.

«Je ne suis pas un acteur politique. Je ne véhicule pas des idées, précise-t-il. Ce sont les rapports humains qui m'intéressent et c'est la principale raison pour laquelle je fais ce métier-là.» Incendies correspond parfaitement à sa vision du jeu: c'est un film sur les origines, sur les liens de filiation, parfois trempés dans le secret ou le sang...

Pendant que les cinéphiles découvriront Maxim Gaudette sous les traits de Simon Marwan, les amateurs de théâtre le retrouveront dès ce soir sous ceux de Stan Laurel. Patrice Dubois et lui campent en effet une déclinaison du célèbre tandem comique dans Abraham Lincoln va au théâtre, pièce de Larry Tremblay créée en 2008 dans une mise en scène de Claude Poissant, à Espace Go.

Et après? Maxim Gaudette entend prendre une pause. Le temps de s'occuper de ses deux jeunes enfants, de «vivre simplement» et de «faire des choses concrètes». Mais à voir son visage s'illuminer lorsqu'il parle du pouvoir d'évocation du théâtre, on pressent qu'on le reverra sur les planches avant longtemps. Son besoin de prendre du recul ne change rien à son évidente passion pour le jeu.

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Les rescapés, à compter de ce soir, 21 h, à Radio-Canada.

Abraham Lincoln va au théâtre, jusqu'au 25 septembre à Espace Go.

Incendies prend l'affiche le 17 septembre.