Les homosexuels devraient-ils pouvoir donner du sang? Dans les cas d'agressions sexuelles, doit-on punir le parent qui a fermé les yeux sur le crime?

Questions difficiles. C'est ce genre de sujets - comportant une dimension morale et soulevant habituellement les passions - qu'auront à débattre chaque semaine les sept participants qui seront confinés au bunker de Huis clos, nouvelle émission de Télé-Québec animée par Claire Lamarche.

Présenté aux journalistes hier, le premier épisode de Huis clos, qui sera diffusé le 10 septembre, aborde un thème plutôt controversé qui divise la population québécoise. Depuis 1983, le Canada interdit à tout homme qui a eu des relations sexuelles avec un autre homme de donner du sang, pour éviter les risques de contamination au VIH. Aujourd'hui, en 2010, les homosexuels devraient-ils pouvoir donner du sang? Le sujet est lancé.

Le concept de l'émission tire son inspiration du film 12 Angry Men, réalisé en 1957 par Sidney Lumet, où 12 jurés doivent se prononcer sur le sort d'un jeune homme aux origines modestes accusé de parricide. S'il est trouvé coupable, c'est la mort qui l'attend.

Entre quatre murs de béton

Avec Huis clos, aucun châtiment n'est infligé. Le jury de sept citoyens - dont la composition change chaque semaine - se retrouve coincé entre quatre murs de béton. Bien que l'idée soit de reproduire un bunker, l'endroit mériterait d'être un peu plus éclairé. Les participants sont donc installés autour d'une table ovale illuminée, au bout de laquelle est assise l'ex-animatrice de Droit de parole et des Retrouvailles. En mettant les pieds dans le bunker, les participants ignorent le sujet sur lequel ils vont débattre.

Lorsque Claire Lamarche pose finalement la question qui tue, le débat commence. Pendant quatre heures, qui sont ensuite réduites au montage à 45 minutes, les jurés - de tous les âges et de tous les horizons - ont la chance d'entendre des experts et des témoignages en lien avec le sujet du jour. Dans l'émission d'hier, le jury a notamment vu défiler devant lui le Dr Marc Germain, vice-président aux affaires médicales d'Héma-Québec et Laurent McCutcheon, président de Gai Écoute. L'idée est de les aider à trancher. «Ils ne peuvent pas rester dans leurs clichés. Ils vont devoir évoluer», mentionne Martin Roy, directeur de la programmation de Télé-Québec.

Pendant tout ce temps, Claire Lamarche joue à l'avocat du diable et interpelle les participants pour faire avancer le débat. Elle admet toutefois que si les jurés penchent tous du même côté, «l'animatrice devra travailler fort». Les participants de la première émission, quatre hommes et trois femmes âgés entre 25 et 63 ans, ont été judicieusement choisis. Ils tiennent des propos intéressants. Il est également cocasse de les voir gesticuler et s'exprimer avec autant de passion.

À l'occasion, certains commentaires peuvent faire dresser les cheveux sur la tête, par exemple lorsque l'un d'eux dit s'opposer à l'idée de permettre aux homosexuels de donner du sang parce qu'il faut préserver sa pureté.

Objectif consensus

À la fin des discussions, l'objectif final est d'en arriver à un consensus. Claire Lamarche oblige les jurés à se prononcer. Difficile toutefois d'obtenir l'unanimité.

Huis clos est sans conteste une émission fort éducative où les téléspectateurs auront l'impression d'aller au fond d'un sujet et, du même coup, de faire évoluer leur point de vue. Le hic, c'est que l'émission au contenu assez lourd est diffusée le vendredi à 20h, alors que les gens se plaisent habituellement à dénouer le noeud de leur cravate et décompresser. Pendant ce temps, Radio-Canada diffuse Paquet voleur et TVA présente Du talent à revendre.

Huis clos sera présenté dès le 10 septembre, sur les ondes de Télé-Québec.