Blues. Musique du monde. Voyages psychédéliques. Après plus de cinq années passées au micro d'Espace Musique, Dan Behrman a été chassé des ondes en juin, une décision qui a surpris l'animateur, ainsi que plusieurs de ses fidèles auditeurs, qui se mobilisent pour réclamer son retour.

«J'ai toujours été moi-même. Et pendant très longtemps, ils m'adoraient et puis un jour, ils ne m'ont plus adoré», a résumé le principal intéressé, au cours d'un entretien téléphonique avec La Presse.

Depuis 2004, à raison de trois soirs par semaine - vendredi, samedi et dimanche - Dan Behrman, considéré comme un grand connaisseur de musique, animait une émission de blues et deux autres axées sur la musique du monde. Or, depuis le 2 juin, sa voix ne résonne plus sur les ondes du 100,7 FM et ce, même si son contrat devait prendre fin le 28 juin.

Si Behrman dit avoir du mal à comprendre cette décision, Espace Musique laisse planer le plus grand des mystères autour des circonstances entourant le congédiement de l'animateur âgé de 60 ans. Pendant ce temps, quelque 2436 auditeurs ont décidé de se joindre à un groupe formé sur Facebook afin d'appuyer l'animateur.

Chronologie des événements, selon Dan Behrman. En décembre dernier, l'animateur est convoqué au bureau de la chef des opérations d'Espace Musique, Élisabeth Demers, où il apprend que ses émissions seraient évaluées par un comité. Fait surprenant, selon lui, puisqu'il avait dû subir le même examen six mois plus tôt.

Évalué pour une seconde fois, le rapport qui en résulte est loin d'être flatteur. L'animateur respire fort dans le micro, il donne une trop grande description des morceaux qu'il diffuse, il se donne en spectacle... Voilà les principaux reproches qui auraient été formulés par le comité en janvier 2010, raconte Dan Behrman. «Je n'ai jamais entendu quoi que ce soit de ce genre de la part de mes auditeurs», assure-t-il, ajoutant du même souffle que, pour lui, ceux qui l'écoutent sont les seuls évaluateurs qui comptent.

Une semaine après le verdict du comité, ses supérieurs lui auraient demandé de signer un protocole d'entente, pour qu'il respecte certaines balises. Il obtempère. Puis, pendant les mois qui suivent, silence radio de la part de ses supérieurs. L'animateur n'entend plus parler de rien. Et finalement, le 2 juin, Christiane Leblanc, directrice à Espace Musique, lui annonce de vive voix qu'il ne figurerait plus parmi la liste des animateurs de la station.

«La présente est pour vous informer que la Société Radio-Canada ne renouvellera pas votre contrat à titre d'animateur à Espace Musique en raison de votre rendement professionnel et de votre rendement en fonction des objectifs d'émission», indique la lettre remise à l'animateur, publiée sur la page Facebook du groupe de supporteurs de Dan Behrman.

Dépôt d'un grief

Ces raisons officielles sont loin de satisfaire l'animateur qui qualifie son congédiement de «stratégie machiavélique». Il affirme n'avoir rien à se reprocher. «C'est vrai que j'ai une personnalité colorée, admet-il. Je ne parle pas forcément de la pluie et du beau temps et je ne fais pas forcément des micros de 30 secondes, comme on demande de plus en plus de faire.»

Il n'en restera pas là. Le Syndicat des communications de Radio-Canada (SCRC) a déposé un grief et une séance d'arbitrage aura lieu en septembre.

Du côté, d'Espace Musique on a refusé de confirmer la version des faits de Dan Behrman et on a été avare de commentaires à propos de cette histoire. «Par respect pour nos employés, on ne discute jamais de notre régie interne, s'est contenté de dire, le directeur des communications de Radio-Canada, Marc Pichette. Il s'agit de renseignements personnels et confidentiels. On comprend la déception (de certains auditeurs). Les créneaux blues et musique du monde seront toujours à la programmation d'Espace Musique cet automne», a-t-il tenu à assurer.

Pendant ce temps, plusieurs auditeurs qui syntonisaient les émissions de Behrman sont terriblement déçus. Les messages publiés sur le web en témoignent.

«Les bons animateurs ou plutôt les animateurs point, sont une espèce en voie de disparition, mentionne Johanne Gingras, initiatrice avec son conjoint, Claude Dupont, d'un groupe de soutien sur Facebook. Dan, c'était une voix chaleureuse, familière, coutumière. Maintenant, la fin de semaine, mon conjoint et moi, on essaie de meubler... On met des disques.»