Après six saisons de mystères - certains résolus, beaucoup d'autres non -, les auteurs de la télésérie Lost ont bouclé leur récit avec un 141e épisode d'une durée de 2 h 30, diffusé dimanche soir sur ABC et CTV. Verdict? Une finale qui divise les critiques télé et les fans de la série.

On s'en doute, cette finale, intitulée The End, a fait couler beaucoup d'encre (virtuelle ou non) alors que, plus de 24 h après sa diffusion, la Toile est toujours un champ de bataille où les fans se lancent diverses théories. L'objet du contentieux: ces 15 dernières minutes qui ont scellé l'existence des principaux protagonistes. Pour les critiques comme pour les fans - ils étaient 13,5 millions de téléspectateurs aux États-Unis dimanche soir -, il n'y a pas de demi-mesure: on adore ou on déteste.

De manière générale, tous (ou presque) reconnaissent que cette finale était grandiloquente, parce que fertile en émotions - beaucoup plus, en tout cas, qu'en réponses sonnantes et trébuchantes, ce qui déplaît à plusieurs.

Incidemment, les créateurs de la série nous avaient prévenus que le cheminement des héros de Lost importait plus que les mystères de l'île, pourtant devenue elle-même un personnage en soi dans l'histoire, pourrait-on arguer. En privilégiant une finale, disons, «humaine» et émotive, Cuse et Lindeloft ont au moins tenu cette promesse, frustrant ceux qui cherchaient des réponses.

«Moments d'épiphanie»

Avertissement: si vous êtes en train de suivre la version française de Lost (Perdus) à Radio-Canada, ou bien que vous attendez la sortie de l'ultime saison en DVD/BluRay (fin août, annonce-t-on), ne lisez pas ce qui suit.

C'est bon? Allons-y. Pendant près de deux heures, on a assisté aux «moments d'épiphanie» des principaux personnages dans la narration alternative à celle qui se déroulait dans l'île - autrement dit, dans ces «flash-sideways» qui ont confondu les spectateurs jusqu'à ce qu'on réalise que ces deux réalités, celles l'île et hors de l'île, devaient finir par se recouper. Ces moments ont pour fonction de permettre aux protagonistes dans la réalité alternative de prendre conscience de leur propre réalité dans l'île.

Ainsi, ces moments d'épiphanie ont fourni aux fans de beaux moments de télé, en particulier ceux où Jin et Sun, puis Claire et Charlie, reconnectaient avec leur passé dans l'île. Pendant ce temps, dans l'île, la confrontation entre Jack Shephard et Locke/le monstre de fumée était inévitable. Elle a eu lieu, mais sans grand éclat, grâce à un coup de main de Desmond (qui a presque provoqué la destruction de l'île), puis de Kate, qui a asséné le coup de grâce.

Or, citons Desmond, s'adressant à Jack: «Ça n'importe pas, lui (Locke) qui détruit l'île, toi qui le détruis.» Les détracteurs de la finale se désolent encore que l'attachant Écossais ait eu raison, comme les 10 mystiques minutes de l'épisode l'ont confirmé.

Le dernier grand dénouement? La réalité alternative - flash-sideways - était une sorte de purgatoire, un endroit, créé par les personnages, nous indique-t-on, où tous se retrouvent au moment de leur mort, mais surtout lorsqu'ils acceptent leur condition de défunt. C'est ça, laisser aller - «Let it go», a-t-on répété à Jack.

Les déductions qui s'imposent: oui, tous sont morts au moment où ils se retrouvent, mais dans la réalité de l'île, tous ne sont pas morts en même temps, et si on connaît la date d'expiration de certains, celle des autres nous est inconnue. Confus? C'est justement pour ça que les créateurs s'attendent à ce qu'on débatte de cette finale pour un bout de temps...

Reste que l'île, elle, n'a pas été détruite. Et que pour bien des fans, les auteurs ont laissé trop de ses mystères en plan, balayant sous la moquette mystico-philosophique des questions importantes, telles que: pourquoi avoir donné tant d'importance au personnage de Walt, un être apparemment spécial, pour ne plus en reparler? Et à quoi bon décrire toutes ces guerres de pouvoir, détailler la micro-société du Projet Dharma, conférer à l'île des origines millénaires, si rien de cela n'a d'importance au moment venu du passage à «l'autre chose» après notre mort?

Le débat est toujours ouvert, alors qu'ABC a confirmé qu'au moins 20 minutes de matériel inédit (dont une scène avec Walt, disent les rumeurs) se retrouveront dans l'édition DVD/Blu-ray...