L'émission s'est intitulée On prend toujours un train pour quelque part. Cette année, pour la troisième et avant-dernière saison, le titre en concordance avec le thème de la résilience sera On prend toujours un train pour la vie. Mais s'il n'en tenait qu'à moi, je rebaptiserais l'émission de Josélito Michaud Voyage en train assis sur les genoux d'un confesseur, en hommage à Balade en train assis sur les genoux d'un dictateur, roman de Stéphane Achille qui, si je me fie aux critiques, n'était pas très bon, sauf pour le titre dont je tiens à saluer ici le génie.

Or, même si Josélito Michaud n'a rien d'un dictateur et ne demande pas aux invités qui montent à bord du train avec lui de s'asseoir sur ses genoux, c'est tout comme, puisqu'il réussit à tout coup à faire fondre leur pudeur et à leur soutirer d'incroyables aveux.

 

Avec une oreille hypertrophiée due à un sens de l'écoute exemplaire, mais aussi avec une manière détendue et sans doute aussi subtile qu'elle est rusée, Josélito arrive à percer la carapace du plus coriace des interlocuteurs et se révèle à tout coup un confesseur hors pair. C'est encore le cas cette année avec un éventail d'invités, dont trois politiciens éprouvés, qui montent dans l'Orford Express en laissant leur langue de bois à la gare.

Il y a d'abord Claude Béchard, dont l'entrevue a été enregistrée trois semaines avant la récidive de son cancer. Le ministre confesse candidement que celui auquel il a le plus parlé pendant toute la durée de sa maladie était son grand frère... qui s'est suicidé il y a plusieurs années.

La ministre Michelle Courchesne évoque pour la première fois le souvenir de son mari mort des suites de l'alzheimer en jurant que même si elle s'en est occupée jusqu'à la fin, elle l'a toujours considéré comme son mari et non comme son patient.

Louise Harel avoue qu'après sa défaite aux élections municipales, elle a consulté un psy pour comprendre pourquoi son instinct politique habituellement si fiable l'avait abandonnée.

Parmi les personnalités artistiques, il y a Michel Barrette, qui avoue avoir été la plus grande guidoune du showbizz québécois, et Pénélope McQuade, qui s'est sentie coupable et honteuse d'avoir eu un accident de voiture.

Il y a aussi une entrevue touchante avec Chantal Jolis, atteinte de Parkinson. Lorsque Josélito lui demande si l'espoir fait partie de son quotidien, elle répond sans sourciller: «Non. Je suis lucide.»

Guy Carbonneau, Roméo Dallaire, Pierre Légaré, le mari de Nancy Michaud, Daniel Casgrain, et plusieurs autres viennent chacun à son tour confier cette part d'eux-mêmes qu'ils ont rarement révélée en public. Le contexte particulier du train qui roule à travers les champs des Cantons-de-l'Est aide à créer ce climat d'intimité, de liberté et de confiance, propice à la confidence. Reste que si quelqu'un d'autre que Josélito était assis à la place du confesseur, pas sûr que le résultat serait le même.

L'émission débute le 31 mai sur les ondes de la SRC et reviendra à Noël pour une édition spéciale du temps des Fêtes. En attendant, son confesseur se prépare tout doucement à faire le deuil d'une émission qui se terminera pour de bon l'an prochain.