Quand Gandalf rencontre Jésus, ça donne... The Prisoner. Qui, mettant en vedette Ian McKellen (dont on n'a jamais assez) et Jim Caviezel (dont on ne s'ennuyait pas), n'est pas un remake, mais une réinterprétation de la série culte britannique diffusée à la fin des années 60 et créée par Patrick McGoohan (qui y tenait le rôle-titre) et Georges Markstein.

Réinterprétation et non remake. Le fait a été dit et répété au moment de la diffusion, il est dit et répété dans les suppléments du coffret DVD. On a compris. Ce qu'on comprend moins, même sans comparer cette réinterprétation-et-non-remake au produit original, c'est où s'en va ce Prisoner-là.

 

Autant la série de 17 épisodes donnait dans le surréalisme et laissait place à des suppositions plus excitantes les unes que les autres, autant cette minisérie (six épisodes en anglais avec sous-titres anglais ou français) ne mène nulle pas sinon à une finale où tous les points sont mis sur les i - mais de façon boiteuse et tirée par les cheveux.

Ce, même si les fondations sont, apparemment, restées identitques: un certain Michael s'éveille à proximité du Village dirigé par un mystérieux numéro 2 (les habitants des lieux sont en effet identifiés par des chiffres et le nouveau venu découvre qu'il s'appelle désormais numéro 6) où tous mènent une vie idyllique - dont ils ne peuvent s'échapper: personne ne quitte le Village; et ça ne fait pas l'affaire de Michael.

À partir de là, le parcours du prisonnier incarné par Patrick McGoohan et celui qu'interprète Jim Caviezel diverge. Pas pour le mieux. Autant la minisérie, tournée dans le désert de Namibie et en Afrique du Sud, est visuellement splendide, autant le voyage qu'elle propose est incohérent. Et surtout, si l'on peut se laisser entraîner dans le sillage du numéro 2 incarné par Ian McKellen, difficile de s'intéresser au parcours du numéro 6, tant Jim Caviezel, gonflé de sa propre importance, suscite peu d'empathie. Pas un mince problème.

Résultat: il est très facile de s'échapper de ce Prisoner-là.