Le petit écran ne se métamorphose pas en machine distributrice de boissons gazeuses, pas plus qu'il n'a le pouvoir d'obliger les téléspectateurs à négliger leurs activités quotidiennes.

Souvent au banc des accusés, la télévision n'est pourtant pas responsable de tous les maux qui affligent les téléspectateurs, notamment les tout-petits, rappellent les artisans qui oeuvrent dans l'univers télévisuel des enfants.

La télévision a le dos large, dénoncent-ils. Cette réaction fait suite à la publication lundi d'une étude menée par des spécialistes de la petite enfance de l'Université de Montréal, du Centre de recherche du CHU Sainte-Justine et de l'Université du Michigan qui soutient que «l'exposition précoce à la télévision a des effets négatifs et durables sur les très jeunes enfants».

Le document conclut notamment que les jeunes âgés entre 2 et 4 ans qui consomment de la télévision de façon excessive éprouvent ensuite plus de difficultés à l'école et mangent davantage d'aliments nocifs pour la santé.

«Ce qui est malheureux, c'est qu'on est encore en train de mettre la faute exclusivement sur la télévision, alors que dans le fond, ce que ça révèle ce sont davantage des habitudes de consommation qui ne sont pas nécessairement les meilleures, souligne Caroline Fortier, directrice de l'Alliance pour l'enfant et la télévision. La boisson gazeuse, elle ne sort pas de la télévision.»

«Il y a un paquet d'affaires qu'on ne mesure pas et qui font également partie du portrait, comme l'environnement dans lequel ces enfants-là vivent, leur attitude, leur personnalité», ajoute-t-elle.

À la lumière des résultats de l'étude, la présidente-directrice générale de Télé-Québec, Michèle Fortin, invite les gens à la prudence en affirmant qu'il ne faudrait pas en venir à «démoniser» la télévision. Selon elle, les personnages de Toc toc toc ou de Cornemuse, par exemple, - émissions diffusées sur la chaîne qu'elle dirige - peuvent au contraire avoir des effets positifs sur les jeunes téléspectateurs.

«C'est plutôt la consommation excessive de la télévision qui est le problème, affirme-t-elle. Ce n'est pas vrai que toute la télévision est nuisible. Si on prend des émissions comme Cornemuse ou Passe-Partout, elles ont été faites avec (l'aide) de chercheurs en éducation préscolaire pour préparer les enfants à l'école.»

À l'instar de toutes les autres activités, ce sont les parents qui doivent réglementer le nombre d'heures que leur progéniture passera devant le petit écran, souligne la patronne de Télé-Québec.

Carmen Bourassa, productrice et conceptrice de nombreuses émissions destinées aux tout-petits comme Pin pon, Toc toc toc ou Passe-Partout, partage le même point de vue.

«Il faut faire des choix sur les émissions que nos enfants vont regarder», mentionne-t-elle, ajoutant du même souffle que la télévision ne peut pas assumer le rôle d'une gardienne pour les bouts de chou. La productrice croit en outre qu'il faudrait lancer un débat «pour exprimer ce que la télé peut apporter de bon aux enfants».

«Il y a des gens et des diffuseurs au Québec, ajoute-t-elle, qui s'ingénient à trouver des émissions jeunesse stimulantes qui permettent le développement de la curiosité et de l'imaginaire.»