Grosse semaine pour le monde de la télé. Après que le CRTC eut donné son feu vert pour permettre aux chaînes généralistes - sauf Radio-Canada - de percevoir des redevances, voilà que les artisans du milieu télévisuel connaîtront finalement aujourd'hui les lignes directrices du nouveau Fonds des médias du Canada, programme qui financera désormais une partie des émissions diffusées au petit écran et sur le web.

Et la décision controversée du Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes (CRTC) annoncée en début de semaine ne contribue en rien à rassurer certains producteurs concernant la direction que prendra aujourd'hui le Fonds des médias du Canada, même si, en apparence, les deux dossiers ne semblent pas directement liés.

«Je pense qu'en prenant sa décision (d'exclure Radio-Canada pour l'obtention de redevances), le CRTC n'a pas pris en considération l'aspect culturel, mais seulement l'aspect industriel, déplore Carmen Bourassa, qui produit notamment l'émission jeunesse Toc toc toc. J'ai peur que ce soit les mêmes considérations qui entrent en ligne de compte dans le cas du Fonds des médias du Canada.»

Plus d'un an après l'annonce de la création de cette enveloppe, qui remplacera à partir du 1er avril le Fonds canadien de la télévision (FCT) et le Fonds des nouveaux médias, réalisateurs, producteurs et diffuseurs connaîtront enfin, à l'occasion d'une annonce faite à Toronto, les tenants et les aboutissants de ce nouveau programme qui a semé beaucoup d'inquiétude dans le milieu télévisuel. C'est que le plus grand des mystères entoure les règles de fonctionnement et d'attribution des fonds.

La présidente de l'Association des producteurs de films et de télévision du Québec (APFTQ), Claire Samson, reconnaît elle aussi avoir quelques appréhensions face à ce nouveau programme. Elle craint que les producteurs indépendants de télévision soient directement affectés par de nouvelles règles qui pourraient permettre aux diffuseurs d'utiliser une plus grande part de leur enveloppe pour financer des émissions produites par eux, à l'interne. «Ça va nuire à la production indépendante, croit-elle. Les diffuseurs veulent de plus en plus projeter leurs émissions maison.»

À titre d'exemple, L'Auberge du chien noir est produite à l'interne par Radio-Canada, alors que C.A. se fait à l'externe par Novem. Ainsi, avec l'entrée en vigueur du nouveau fonds, Mme Samson fait des prédictions plutôt sombres. Elle envisage une diminution du nombre d'heures d'émissions à la télé ainsi qu'une réduction du nombre de productions originales pour l'an prochain.