Le sketch de la «Guerre des glands», diffusé en fin d'année 2009 pendant l'émission spéciale de Tout le monde en parle à Radio-Canada, était «offensant» et «rempli de stéréotypes», estime un regroupement de gens d'affaires italo-canadiens.

Ils ont officiellement demandé ce matin des excuses à la société d'État et annoncé le dépôt d'une plainte au Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes. «Ce qui est offensant, c'est que ça arrive après une année d'allégations de corruption et de descriptions peu flatteuses de la communauté italienne, a déclaré Giuliano D'Andrea, vice-président de l'Association des gens d'affaires et professionnels italo-canadiens. Nous sommes nés ici, et c'est choquant de voir des sketches où on est traités comme des étrangers.»La «Guerre des glands» est un court sketch réalisé par Rock et Belles oreilles parodiant l'émission La guerre des clans. On y voit un affrontement entre la famille Bienveillant, des Québécois pure laine plutôt bonasses et dépassés par les événements, et la famille Jamboni, manifestement des mafieux aux méthodes brutales. À la question, par exemple, sur la meilleure façon d'obtenir un contrat de la Ville de Montréal, les Jamboni répondent entre autres: «On pète la yeule à celui qui a fait la meilleure soumission possible» et «Cassez une zambe».

«Il y a des limites à la comédie et à la liberté d'expression, estime M. D'Andrea. Pour nous, ce sont des stéréotypes inacceptables. Imaginez qu'on ait diffusé un sketch montrant une famille d'Haïtiens comme étant tous membres de gangs de rue. Ou une famille de Juifs qui seraient liés à des fraudes financières.»

Son association a fait part en janvier au CRTC de son indignation. L'organisme a ensuite invité Radio-Canada à se défendre. Francine Allaire, directrice culture, variétés et société, s'est défendue en qualifiant le sketch de «caricature» dans laquelle les personnages étaient «grossièrement exagérés».

Les représentants de la communauté italienne estiment l'explication insuffisante et ont demandé au CRTC d'étudier le dossier. «Radio-Canada doit reconsidérer sa position, qu'ils regardent par l'autre bout de la lorgnette, dit M. D'Andrea. Ce qui n'est qu'une comédie pour eux n'est pas drôle pour ceux qui sont ciblés.» Il s'attend à ce que le CRTC fasse part de son verdict «dans les prochains mois».

S'il est jugé insatisfaisant, l'association de gens d'affaires promet un lobby plus intense auprès des politiciens et de la population. «Radio-Canada n'est pas un télédiffuseur privé, c'est notre télédiffuseur, payé avec nos impôts, dit M. D'Andrea. Ils devraient avoir de la considération pour notre demande.» Des excuses officielles de Radio-Canada seraient «un excellent départ», précise-t-il.