L'eau a coulé sous les ponts et la télé québécoise a bien changé depuis que les Paré ont tiré leur révérence. Mais quand nos chers Ti-Mé, Môman, Thérèse, Caro, Jean-Lou, Reynald et Réjean sont revenus nous saluer le temps d'une émission spéciale, c'était comme si nous les avions quittés la veille.

Se plaignant de ses ratés culinaires avec son «smoothie aux rognons», Thérèse a tôt fait de nous attendrir aux côtés de son lamentable Réjean de mari. Quant à Pôpa et Môman, ils sont les mêmes qu'il y a 10 ans, accueillant les états d'âme de Caro, scandalisée par «ces histoires de talibans et de sables bitumineux», les fantaisies de Reynald dansant la polka et de son impayable épouse Creton toujours aussi soucieuse des apparences et de son langage...

Plutôt décevant

C'était un réel bonheur de les retrouver. Mais hélas, c'était pour rapidement les perdre aux mains de la téléréalité. Claude Meunier s'est inspiré de ce que notre télé est devenue depuis que la déjantée famille Paré nous a quittés. Et pour être de son temps, il a imaginé une histoire compliquée dans laquelle la célèbre famille québécoise participe à un concours télévisé dans lequel elle est dans la ligne de mire de centaines de milliers de spectateurs. En 2009, Loft Story rencontre La petite vie...

Si bien qu'après quelques scènes pimentées de répliques truculentes (les meilleures étant celles de Creton, «Comme il fait bon être Noël... je sens la joie de la nativité m'inonder»), ce Noël Story a pris une direction plutôt décevante. Guy Jodoin a pris le rôle de l'animateur d'une téléréalité banale et sans saveur, tandis que Valérie Blais le secondait dans la peau de son «assistante» aux allures masculines. Dans la catégorie «comédienne brillante sous-exploitée», on a rarement vu mieux...

Bien qu'au chapitre des «talents sacrifiés», ce retour de La Petite Vie a aussi été un rendez-vous raté avec plusieurs de nos personnages préférés. Trop peu de Ti-Mé et Môman, et trop d'apparitions d'humoristes (Lise Dion et Jean-Michel Anctil, pas mauvais, mais seulement pas très pertinents dans leurs rôles de parents Groleau).

Quelques surprises efficaces

Mais bon, brillant comme il est, Claude Meunier a toutefois rattrapé ses errances en nous offrant des surprises qu'on n'attendait plus. Comme la visite inattendue de Josée di Stasio, venant goûter aux audaces gastronomiques de Thérèse. Ou le pastiche un peu facile mais diablement efficace du ratage de la famille Dion à On n'a pas toute la soirée.

Et puis quand Reynald danse la polka, qu'on le veuille ou non, c'est toujours gagnant...

Le plus drôle de ce Noël Story, c'était les Paré, les répliques de Jean-Lou parlant de son «jocktrap en corduroy», les costumes hallucinants de Reynald et Creton, les coiffures extraterrestres de Caro et Thérèse...

Et pour vraiment sauver la mise, il y a eu les mots de Môman, la grande absente de cette soirée, qui a parlé des siens comme «d'une famille de disjonctés et d'arriérés... mais ensemble, la somme de chacun de nous, une famille unique et unie».

Grâce à Môman, la téléréalité n'aura pas eu raison de la fiction des Paré...