Près de trois émissions originales québécoises sur quatre méritent de trouver preneur à l'étranger, croit le rédacteur en chef adjoint du Film français, la bible hebdomadaire du cinéma et de la télévision en France. Mais pour écouler leur produit, les producteurs et distributeurs doivent faire plus d'efforts à l'étranger, apprendre à se vendre et adopter une attitude de «rentre-dedans en permanence».

«Les grands acheteurs dans le monde sont habitués à acquérir des séries américaines ou britanniques, ils le sont moins avec le Québec. Il faut donc pousser un peu.» Avec ce discours, François-Pier Pélinart-Lambert a sans doute secoué les producteurs québécois.

La galère, Vice caché, La vie, la vie, Les Invincibles... De la télé québécoise, il en mange. C'est pourquoi cet énergique jeune trentenaire au look branché a été invité à prendre la parole hier, à l'ouverture de Vitrine TV Québec, qui se tient à Paris jusqu'à demain.

Dans la salle 50 du Forum des images, grand cinéma situé dans le 1er arrondissement, les murs étaient tapissés d'affiches de la série Aveux. On trouvait aussi, à l'entrée, des dépliants promotionnels des Parent ou encore de La petite séduction.

Debout au micro, devant l'écran d'une petite salle de cinéma où producteurs québécois et distributeurs français, belges et suisses étaient réunis, M. Pélinart a su captiver son assistance. Sans notes ni ordinateur, il a dressé le portrait d'un univers qui le passionne. Les Québécois hochaient la tête à chacune de ses affirmations, notamment celles concernant les problèmes de sous-financement. Les représentants d'ailleurs l'écoutaient aussi avec grand intérêt.

François-Pier Pélinart-Lambert a invité les artisans québécois à faire preuve d'audace. D'après lui, près des trois quarts des séries produites dans la province pourraient intéresser les téléspectateurs du reste du monde. «Aujourd'hui, il y a vraiment une volonté des producteurs et des distributeurs de s'installer davantage sur la scène internationale, mais je pense que ce n'est pas encore suffisant. Et ça, c'est un petit appel que je leur lance. Je voudrais qu'ils aient plus de visibilité dans les campagnes de publicité des différents marchés et rencontres de la télévision.»

À la fin de son allocution, plusieurs spectateurs, visiblement conquis, se sont empressés d'aller discuter avec lui. En entrevue avec La Presse, l'orateur en a rajouté: «Je pense qu'il y a encore aujourd'hui, de la part de beaucoup de producteurs et diffuseurs québécois, une certaine timidité. Ils se disent: on marche bien sur notre marché local. On est presque surpris de voir que les étrangers s'intéressent à nous. On a ses miettes, on a son pain, sauf que son pain, on peut aller le vendre ailleurs.»

Engouement pour notre télé

La présence des Québécois à Paris semble déjà porter ses fruits. Musée Éden, une série d'époque réalisée par Alain Desrochers, qui met en vedette Marie-Loup Wolfe et Laurence Leboeuf, n'a pas encore été diffusée au Québec mais suscite déjà l'intérêt d'un distributeur français.

«J'ai été emballée par Musée Éden! Je trouve que la série a un potentiel énorme», a confié à La Presse Valérie Pechels de Saint Sardos, coprésidente de Double V, une entreprise de distribution.

Plusieurs fois par année, Mme Pechels de Saint Sardos vient à Montréal pour... regarder la télé. Lors de sa dernière visite, elle est tombée sous le charme de Musée Éden, qui sera diffusée en mars 2010 à Radio-Canada. «Je n'ai pas pu m'empêcher de regarder les neuf épisodes, admet-elle. C'est remarquable.»

Elle souhaite maintenant entreprendre des démarches pour vendre l'émission en France. Des discussions auront sans doute lieu demain, à l'occasion de la projection d'extraits de la série dans le cadre de Vitrine TV Québec.

Autre coup de coeur pour les diffuseurs étrangers: Comme par magie. Selon nos sources, depuis son arrivée à Paris, le président et producteur de Téléfiction, Claude Veillet, a eu plusieurs rencontres avec des distributeurs français, intrigués par cette émission qui met en vedette Luc Langevin sur les ondes d'ARTV. L'illusionniste fait surtout de la magie de rue. À la suite de la diffusion d'extraits, hier, des distributeurs suisses ont également manifesté leur intérêt.