Ceux qui se préoccupent de la violence dans les émissions pour enfants ont de quoi se rassurer. Les thèmes dominants dans les émissions présentées par les 19 principaux télédiffuseurs canadiens ne sont pas liés au combat ou à la violence, mais aux relations sociales, à l'apprentissage et à l'aventure.

Même que la majorité des personnages pour enfants sont agréables, gentils, aimables, intéressés, heureux, contents, affectueux et... joyeux!

C'est ce que révèle une étude réalisée par l'équipe d'André H. Caron, chercheur en communication à l'Université de Montréal, pour l'Alliance pour l'enfant et la télévision. Les premiers résultats de l'étude seront rendus publics aujourd'hui à l'occasion de la conférence Children, Youth & Media 2009, à Toronto.

Les relations sociales (43 %) et l'apprentissage (31 %) dominent dans les émissions pour les enfants d'âge préscolaire. Les thèmes impliquant explicitement des combats ou de la violence y sont absents.

Chez les 6-12 ans, les relations sociales l'emportent toujours, mais l'aventure gagne en importance et l'apprentissage diminue. Par contre, les combats et la violence occupent 11 % des émissions, devant les jeux (9 %) et l'environnement (2 %).

Les enjeux traités varient selon les pays de production. Ainsi, les coproductions canadiennes et les coproductions canado-américaines semblent très soucieuses d'encourager des «valeurs sociales positives».

À l'Alliance pour l'enfant et la télévision, on se réjouit que, comparativement aux émissions étrangères, «les productions canadiennes favorisent davantage la réflexion, la créativité et l'interactivité avec le téléspectateur». «Les émissions canadiennes présentent aux enfants des personnages équilibrés sur le plan émotionnel, qui tissent des relations avec leurs pairs et sont avides d'apprendre, qui ont l'esprit d'aventure et qui évoluent dans un environnement remarquablement non violent», résume Caroline Fortier, directrice exécutive de l'Alliance.

Les garçons toujours plus nombreux

Un bémol: les deux tiers des personnages des émissions jeunesse sont masculins. Le Canada arrive au troisième rang en matière de représentation des sexes, derrière la Norvège et la Syrie, parmi les 24 pays étudiés par l'International Central Institute for Youth and Educational Television (IZI). En Argentine et à Cuba, 80% des personnages sont des hommes.

Le dessin animé est le genre dominant chez les petits comme chez les plus grands. Les émissions avec de vrais acteurs ne représentent que le quart des émissions jeunesse. Les marionnettes? Une maigre part de 2 %.

À noter: la proportion d'émissions canadiennes diffusées au pays a chuté depuis 10 ans. «En moyenne, 50 % des émissions diffusées à la fin des années 90 étaient canadiennes comparativement à 36 % aujourd'hui», remarque André H. Caron.

D'ailleurs, le volume de production d'émissions jeunesse a beaucoup diminué entre 1998-1999 et 2007-2008, particulièrement pour les émissions en anglais, dont les coûts de production ont chuté de 305 à 207 millions, d'après l'Association des producteurs de films et de télévision du Québec.

Aujourd'hui, l'essentiel de la programmation pour enfants est le fait des télédiffuseurs éducatifs (Télé-Québec, TFO...) et spécialisés (Teletoon, VRAK.TV...). Les télés généralistes publiques, comme CBC et SRC, ne diffusent plus que 9 % de la programmation pour enfants, et les privées 1%. Par ailleurs, les généralistes sont celles qui diffusent le plus haut pourcentage d'émissions jeunesse produites au Canada.

Plus de 560 émissions pour enfants présentées du 30 mars au 5 avril 2009 ont été analysées.