Les Jeux de Vancouver sur V? La question surprend encore, et suscite les moqueries. Après Radio-Canada, comment le successeur de TQS pourra assurer une couverture de qualité d'un événement aussi prestigieux?

En réalité, V agira essentiellement comme antenne de retransmission des Jeux, puisque RDS agira entièrement comme producteur. «Il y a encore des gens qui pensent qu'on va faire ça de notre sous-sol. Ce n'est pas le cas. Dans le sport, on est les meilleurs au Québec. On vit pour le sport et la télé», affirme sans détour le vice-président aux opérations de RDS et producteur délégué pour le Consortium médiatique canadien de diffusion olympique, Dominic Vanelli.

 

À quatre mois du début des Jeux, RDS assure que tout sera prêt. Avec CTV, on a conjointement monté de toutes pièces un centre de simulation de diffusion en vue des Jeux, à peine plus petit qu'une patinoire de ho-ckey, et que Le Soleil a visité cette semaine. Installées à Scarborough, en banlieue de Toronto, ces régies temporaires conçues à l'échelle seront très bientôt déménagées à Vancouver.

Pour se sentir pleinement à l'aise au moment des vrais Jeux, les différentes équipes répètent en ce moment, comme si elles étaient aux Jeux. Pourquoi tant de préparation? Parce que les Jeux ont lieu au pays, et parce que RDS agit pour la première fois comme seul producteur francophone. Pas question de souffrir de la comparaison avec Radio-Canada.

Après un bref passage au gouvernement, Claude Mailhot revient aux Jeux pour animer les matinées de V et de RDS à Vancouver. Chef d'antenne et analyste aux Jeux d'hiver de Lake Placid et de Calgary à TVA, il affirme que tout est bien différent aujourd'hui. «Je ne veux pas dénigrer TVA, mais on avait une journée pour se préparer. Je me souviens avoir fait 45 minutes d'ad lib, parce qu'il y avait une tempête de neige et que tout était fermé!»

L'animateur de L'attaque à 5, Jean Pagé, qui a plusieurs Jeux olympiques derrière la cravate, agira comme chef d'antenne en soirée sur V, alors que Chantal Machabée présentera les compétitions de l'après-midi.

Pour diriger la ruche, RDS compte sur un pro, qui a coordonné la retransmission de cinq Jeux olympiques pour France Télévisions, le Québécois Gabriel Trempe, chef principal des opérations techniques. «C'est la première fois au Canada qu'on a un tel centre de répétition pour des Jeux», assure-t-il. Des tonnes de fils jonchent le sol, des boîtes d'appareils de remplacement en cas de panne montent jusqu'au plafond, et un système de climatisation pompe plus de 70 tonnes d'air froid afin de prévenir l'échauffement de l'équipement.

Outre V, RDS et RIS du côté francophone, le consortium compte notamment CTV, TSN et Sportsnet chez les anglophones, de même que la chaîne autochtone APTN. La cohabitation avec les artisans anglophones de CTV se déroule merveilleusement bien, assure Dominic Vanelli. «Ils pensent tout le temps en fonction de nous. Personne ici ne se sent de deuxième classe.»

Claudine Douville, qui a déjà six Jeux à son actif, a choisi de couvrir les compétitions de ski alpin, parmi les plus prestigieuses des Jeux d'hiver. Mélanie Turgeon, qui a quitté la compétition il y a quatre ans, en sera à ses premiers Jeux comme commentatrice. «C'est sûr qu'on va avoir nos bottes de ski dans les pieds et qu'on va en profiter quand on ne sera pas en ondes», se promet la skieuse.

Si Claudine Douville considère qu'on met trop de pression sur les épaules de nos athlètes canadiens, Claude Mailhot n'hésite pas à leur prédire plus de 30 médailles, un pari audacieux. Des discussions sont en cours afin de permettre aux francophones hors Québec de pouvoir regarder gratuitement les Jeux de Vancouver, V n'étant pas retransmis dans le reste du Canada.