La Société Radio-Canada est parvenue à atteindre ses objectifs de vente de ses actifs, générant ainsi suffisamment de revenus pour ne pas avoir besoin de réduire davantage ses effectifs.

Le président-directeur général de CBC-Radio-Canada, Hubert T. Lacroix, a apporté cette précision, lundi, lorsqu'il s'est adressé à la presse après avoir prononcé une allocution devant le Cercle canadien de Montréal.

Confrontée à un manque à gagner de 171 millions $, à cause de la baisse des revenus publicitaires et de la hausse de ses coûts de production, la Société Radio-Canada avait dû annoncer 800 mises à pied, en mars dernier, dont 336 dans les différents services français de Radio-Canada.

Mais pour atteindre son objectif de compression en 2009-2010, Radio-Canada comptait surtout sur une somme de 125 millions $ qui devait provenir de la vente d'actifs. Si la SRC ne réussissait pas à obtenir cette somme, elle risquait de devoir supprimer davantage de postes, avait laissé entendre la direction à l'époque.

M. Lacroix a ainsi précisé lundi que la SRC avait réussi à vendre récemment des actifs totalisant 20 millions $. Pour le reste, soit quelque 100 millions $, les cibles ont été trouvées et il ne reste à obtenir que l'autorisation du gouvernement fédéral, a-t-il noté.

«On espère que la ligne de revenus publicitaires va tenir, que l'économie tiendra, et dans cet environnement-là, je ne prévois aucune coupure additionnelle», a-t-il affirmé.

M. Lacroix a aussi redemandé au gouvernement fédéral d'accorder à Radio-Canada «un financement stable» et sur une période plus longue qu'une année, de même qu'une «capacité d'emprunt raisonnable».

«En retour, nous sommes évidemment prêts à nous faire imposer toutes les mesures raisonnables de divulgation et d'imputabilité», a ajouté M. Lacroix.

Revenus d'abonnement

Le grand patron de Radio-Canada a aussi réitéré sa volonté de voir les chaînes de télévision généralistes, privées et publiques, toucher des redevances d'abonnement tout comme les chaînes spécialisées.

M. Lacroix s'est montré confiant de voir le Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes (CRTC) changer de cap, alors qu'il tiendra à compter du 16 novembre ses troisièmes audiences sur cette question.

En fait, dans le cadre de ces futures audiences, le CRTC a plutôt ouvert la porte à ce que les chaînes généralistes puissent négocier avec les distributeurs de signaux (câble et satellite) un «juste prix» pour la distribution de leurs signaux. Actuellement, les généralistes ne touchent pas d'argent pour la distribution de leurs signaux.

M. Lacroix croit qu'il est possible que les télévisions généralistes obtiennent ainsi de l'argent de la part des entreprises de distribution des signaux (Vidéotron, Bell, Cogeco, Rogers et autres) sans que ces dernières n'augmentent en conséquence la facture de leurs abonnés.

Il fonde son raisonnement sur une décision du CRTC, qui date d'octobre 2008, et qui permettra éventuellement une importante déréglementation des règles d'assemblage des chaînes de télévision.

Selon le futur système, le consommateur jouira d'une plus grande marge de manoeuvre pour sélectionner les chaînes de son choix, à certaines conditions, dont celle de la prépondérance du contenu canadien.

«Au lieu de simplement ajouter à leur offre, il s'agit de préciser l'offre de services en fonction de ce que vous voudrez bien acheter. Ca ne sera pas automatiquement nécessaire pour vous d'avoir tous les signaux. C'est vous qui allez choisir les signaux de télévision que vous voulez bien acheter», a expliqué M. Lacroix, qui fait le pari qu'en conséquence, la facture de l'abonné n'augmentera pas nécessairement.