Installé à Paris pour l'année, le scénariste Jacques Davidts est en train de boucler la deuxième saison des Parent. Accessoirement, il garde un oeil sur les adaptations en Espagne, en Grèce... et bientôt en France.

Pour Jacques Davidts, c'est presque un détail. Comme si, temporairement, il avait quitté avec sa famille le Mile End pour s'installer à Québec ou dans les Cantons-de-l'Est. À cette différence près qu'à Paris, tout coûte plus cher et tout est plus compliqué. Par exemple, l'inscription de ses trois garçons dans des établissements scolaires parisiens: «J'ai fait la découverte de la bureaucratie française», dit-il avec un grand sourire.

 

Mais, sur le plan professionnel, pratiquement rien n'a changé pour lui. Dans sa maison du Mile End à Montréal, il pondait de nouveaux épisodes des Parent sur son ordinateur. À Chatou, en banlieue ouest de Paris, dans cette maison qui constituait un premier point de chute et que la famille va quitter dans les jours prochains pour s'installer dans Paris, près de Montmartre, Jacques Davidts continue d'écrire de nouveaux sketchs de sa série à succès. C'est-à-dire de boucler la deuxième saison.

Les scènes se passent à Montréal, mais pour lui cela ne change rien: «Je peux écrire n'importe où, dit-il, mais il est vrai que je garde mes trois modèles de garçons sous la main!» Quant aux réunions de travail pour la production des Parent, elles ne sont pas si nombreuses. Et quand il y en a, ça peut très bien se faire par l'internet en visioconférence.

Avec ce métier privilégié qui ne connaît pas d'horaires et où son bureau tient dans une sacoche d'ordinateur, l'ancien publicitaire devenu scénariste prolifique a tout simplement décidé «de passer une année à Paris pour montrer l'Europe à (ses) enfants».

Lorsque je le rencontre, ce lundi en fin de matinée près de la Bastille, il revient d'Amsterdam, où il a passé la fin de semaine avec la famille. Précédemment, tout ce petit monde a découvert l'Ardèche, une belle région peu fréquentée au sud de Lyon. Un week-end à Bruxelles est prévu dans un proche avenir.

Et surtout: la famille au complet va maintenant vraiment découvrir Paris. «Sur papier, Chatou est à sept minutes de Paris, dit-il. Mais avec les embouteillages et toutes les complications dans le transport, c'est une expédition pour venir dans Paris. Pas question de rester en banlieue!» Des amis leur ont donc loué à prix raisonnable un appartement de 100 mètres carrés - minuscule pour Montréal, mais luxueux pour Paris - dans la rue Caulaincourt, qui entoure la butte Montmartre. Aucun problème majeur, apparemment, pour raccorder cette année de scolarité française au cursus des trois fistons: «Ce sont à peu près les mêmes cours», dit leur père avec l'air du gars qui ne s'angoisse pas pour des petits riens.

Incidemment, le scénariste profite de ce séjour parisien pour garder un oeil sur le développement international de sa série. Qui est peut-être en train de rééditer le formidable succès de Un gars, une fille, devenue une série culte à la télé française avant de faire un petit tour de l'Europe.

Au cours de l'été, Davidts a passé une semaine en Espagne, où la chaîne Antena 3 s'est jetée sur son oeuvre avec tellement d'enthousiasme qu'elle a le projet d'en faire une série quotidienne de 140 épisodes de 23 minutes! Après notre rendez-vous dans Paris, il se dépêchait de prendre l'avion pour Athènes, où la série aura le même format hebdomadaire qu'au Québec.

À Paris, il pourra suivre de près la carrière des Parent, qui ont été achetés par Marathon, une importante maison de production: «Le projet français consiste plutôt à en faire une série «courte» de 10 à 15 minutes, juste avant le téléjournal de 20h. La chaîne privée M6 est sur le coup, mais on vise également le grande chaîne publique France 2, qui ressemble beaucoup à Radio-Canada.»

Un développement qu'il ne perd pas de vue, mais sans y consacrer trop de temps: «Nos interlocuteurs européens doivent se conformer à un cahier des charges, et à une «bible» très élaborée. Mais ils ont également une grande liberté dans le traitement: ils ont en main quarante épisodes de 23 minutes, et ont la possibilité d'en écrire de nouveaux. Mais le stock que je leur fournis peut se décomposer en 600 petits sketchs que l'on peut agencer de manière très variée.»

Jacques Davidst profite de son séjour en France pour regarder la télévision... mais pas trop. «Ce qui est étonnant ici, c'est qu'il n'existe pratiquement aucune sitcom sur la société actuelle. Les Français font des téléfilms, souvent historiques. De très beaux documentaires. Mais, dans le domaine de la fiction actuelle, il n'y a presque rien. Le rôle des téléromans est tenu par la téléréalité... C'est la raison pour laquelle, sans doute, Un gars, une fille est devenue un phénomène...»

Et pour laquelle Les Parent pourrait à son tour devenir un de ces jours prochains un petit événement à la télé française.