Le calme après la tempête. Bien qu'il ait accusé sans ménagement le grand patron de Quebecor, Pierre Karl Péladeau, de noircir la réputation de Radio-Canada au profit de son empire, le président-directeur général de la SRC, Hubert T. Lacroix, assure que le dossier est maintenant clos et qu'il ne n'entretient aucune rancune envers son principal concurrent.

Au cours d'une entrevue accordée à La Presse cette semaine, il a ajouté du même souffle que le mouvement de sympathie et d'appui à CBC/Radio-Canada, touchée par de nombreuses compressions, a peut-être incité M. Péladeau, propriétaire du réseau TVA, à se manifester pour faire part de son avis dans ce dossier.

 

Ainsi, il y a quelques semaines, les deux hommes se sont livré une véritable guerre ouverte dans les journaux.

Dans une lettre publiée dans Le Devoir, Pierre Karl Péladeau a d'abord dénoncé le manque de transparence de Radio-Canada, tout en l'accusant de refuser de se soumettre à la Loi sur l'accès à l'information. Le dirigeant de Quebecor est d'avis que la SRC, qui reçoit des fonds publics, doit rendre des comptes en ce qui concerne l'utilisation de l'argent des contribuables.

Piqué au vif, Hubert T. Lacroix a répliqué quelques jours plus tard dans les pages du même quotidien. «Écrire que nous dépensons des centaines de milliers de dollars pour protéger nos dirigeants qui abusent de leur pouvoir, citer hors contexte des passages de décisions de tribunaux, suggérer que nos comportements nuisent à notre mission de diffuseur national, autant d'initiatives de M. Péladeau qui n'ont pour but que de tester, d'attaquer la réputation de notre Société et de tous ses artisans au profit de son empire, ses journaux et ses chaînes de télévision», avait-il alors rétorqué.

M. Lacroix estime qu'il se devait de remettre les pendules à l'heure. «Je connais Pierre Karl depuis le début des années 90. Je n'ai que du respect pour lui. Je trouve qu'il a bâti un empire extraordinaire, tient-il à souligner. Sauf que, lorsque j'a vu dans le journal qu'il faisait encore un commentaire sur l'utilisation des ressources, de l'argent des contribuables en disant qu'on gaspillait, je me suis dit qu'on ne pouvait pas laisser un message comme ça sans réponse. Et j'ai répondu.»

Du côté de Quebecor, la vice-présidente aux affaires publiques, Isabelle Dessureault, mentionne que par cette lettre, M. Péladeau souhaitait simplement apporter une perspective complémentaire. «L'idée c'était de dire, oui, c'est important que Radio-Canada puisse jouer son rôle, puisse répondre à sa mission comme télévision d'État, a-t-elle dit. Maintenant, il y a certaines questions qu'on peut soulever.»

Depuis qu'ils ont échangé par écrit, les deux hommes ne se sont pas reparlé. Le patron de la SRC assure toutefois qu'il a tourné la page. «C'est le Festival de Jazz. Si je le vois à l'occasion d'un spectacle, ça va me faire plaisir de lui parler. Ce dossier-là est clos, à moins que Pierre Karl le relance.»