La participation à une émission de télé-réalité peut s'assimiler à un contrat de travail, a tranché mercredi la Cour de cassation, plus haute juridiction française, appelée à se prononcer sur le statut des candidats, jamais réglementé.

Dans un arrêt rendu mercredi, la chambre sociale de la Cour de cassation a validé la requalification des règlements de participants en contrats de travail à durée indéterminée et la condamnation de la société Glem, devenue TF1 Production, à verser de lourdes indemnités aux anciens candidats de l'émission l'Ile de la tentation. L'Ile de la tentation, une émission produite par Glem, propose à des couples «de soumettre leur amour à la tentation», durant douze jours, sur une île paradisiaque, entre croisières en yacht de luxe et soupers au champagne.

«Les sociétés de production ne pourront plus disposer des individus comme ils l'ont fait depuis des années, 24 heures sur 24, en leur faisant faire n'importe quoi», s'est réjoui l'un des avocats des candidats, Me Jérémie Assous.

C'est «un véritable bouleversement pour la production audiovisuelle qui dépasse le cadre de +l'Ile de la tentation+ et de la télé-réalité», a quant à lui réagi Edouard Boccon-Gibod, le président de TF1 Production.

«Je n'arrive pas à me faire à l'idée que participer à une émission de télévision peut être considéré comme une activité professionnelle, dès lors qu'on me demande d'être moi-même!», s'est exclamé le dirigeant de TF1 Production. «Le monteur, on lui demande de monter, et l'animateur, d'écrire ses textes. Mais au tentateur, on demande de draguer et de se marrer!», a-t-il soupiré.

Le 30 novembre 2005, les prud'hommes (tribunaux chargés des litiges du travail) de Paris avaient donné raison à trois participants de l'émission, jugeant qu'ils avaient bien accompli «un travail», fût-ce dans un décor de rêve. A ce titre, ils ont requalifié en «contrats de travail à durée déterminée» leurs «règlements de participant».

Le 12 février 2008, la cour d'appel de Paris avait adopté la même analyse, allant même jusqu'à requalifier les règlements en contrats à durée indéterminée et à condamner Glem pour «travail dissimulé». La société avait alors déposé un pourvoi en cassation.

La Cour de cassation a confirmé la décision de la cour d'appel sur les requalifications mais annulé la condamnation de Glem pour «travail dissimulé», estimant que la société n'avait pas délibérément contourné la loi.