Le gouvernement Harper rejette toute responsabilité dans le dossier des compressions à Radio-Canada. Il refuse ainsi d'être blâmé concernant la suppression de 800 postes au sein de la société d'État.

Prévoyant un manque à gagner de 171 millions de dollars pour l'année 2009-2010, la SRC a annoncé en mars qu'elle réduirait ses effectifs de 10%. Au cours des prochains jours, la direction fera savoir aux employés admissibles à la retraite si leur demande de départ volontaire est acceptée et dévoilera la semaine prochaine la liste des postes abolis. Sur les 800 emplois supprimés, 336 font partie du service français de la société d'État.

L'inquiétude règne parmi les employés. Mardi, le Syndicat des communications de Radio-Canada a organisé une manifestation en guise de solidarité envers ceux qui perdront leur emploi. Le président du syndicat, Alex Levasseur, a profité de l'occasion pour annoncer le lancement d'une campagne de sensibilisation. L'opération, intitulée «Je suis, nous sommes pour un service public de qualité», a pour but de donner la parole aux citoyens et de faire comprendre au gouvernement en place ainsi qu'à l'ensemble des parlementaires l'importance de préserver Radio-Canada, explique M. Levasseur.

Le président du syndicat rencontrera également jeudi à Québec des représentants du Parti québécois, de l'Action démocratique et possiblement de Québec solidaire. Il a déjà eu l'occasion de s'entretenir avec la ministre de la Culture, Christine St-Pierre.

Mais en dépit de tout le mouvement de protestation qui s'organise, le ministre du Patrimoine, James Moore, ne veut endosser aucune responsabilité.

«Ce n'était pas la décision du gouvernement de couper 800 emplois, soutient sa porte-parole Deirdra McCracken. Notre gouvernement travaille avec Radio-Canada et non contre Radio-Canada.» Si le syndicat a des revendications, il doit s'adresser à la direction de Radio-Canada, ajoute-t-elle.

Le syndicat ne voit toutefois pas les choses du même oeil. S'il n'est pas prêt à accuser le gouvernement conservateur de tous les maux de la terre, Alex Levasseur estime que le fédéral doit assumer une part des responsabilités. «C'est sûr que la décision est prise par les gestionnaires de la boîte, mais en quelque part elle provient du manque à gagner, de l'argent que l'on n'a pas pour faire rouler la business, souligne-t-il.

«Quand il y a un manque de 171 millions pour boucler le budget, ça vient d'une part de la réduction des revenus de publicité, mais le gros du montant vient surtout du problème structurel de financement. Et là-dessus le gouvernement en est largement, pour ne pas dire uniquement, responsable. Il y a une partie importante qui lui est redevable et imputable. C'est aussi une volonté et une attitude très idéologique de la part de ce parti-là», croit-il.

James Moore au Québec

Par ailleurs, le ministre Moore a passé la journée au Québec. Il a notamment participé à une table ronde avec des représentants du milieu culturel de la Vieille Capitale. Il a également organisé des rencontres à Montréal où il assistera en soirée au discours du premier ministre Stephen Harper au Reine-Élizabeth.