L'équipe de Tout le monde en parle a conclu sa cinquième saison hier la plus agréable de toutes, selon son grand manitou, Guy A. Lepage. Qui n'est pas encore en vacances puisqu'il animera le spectacle-bénéfice Charité bien ordonnée jeudi et le grand spectacle de la Fête nationale en juin.

À quelques heures de la diffusion de la dernière de TLMEP, nous avons joint Guy A. Lepage pour faire le bilan des cinq ans de l'émission-phare de Radio-Canada. La voix éraillée par un tonitruant party qui s'est terminé tard la veille avec son équipe, l'animateur nous a confié qu'il s'agissait pour lui de sa meilleure année à la barre de cette messe dominicale télévisuelle. «Je commence à m'habituer à être animateur, ça devient plus évident à faire. J'étais probablement celui qui s'amusait le moins à regarder l'émission au début. C'est maintenant l'inverse.»

En cinq ans, la formule de TLMEP, à l'origine française, s'est parfaitement adaptée au public québécois, toujours fidèle au poste. «C'est pourtant la même formule, mais les invités sont complètement différents, analyse Guy A. Lepage. Les Québécois ne cherchent pas la chicane pour rien. J'ai eu un joli compliment l'autre jour d'une dame qui regardait l'émission avec sa fille parce qu'elle trouvait que ça lui apprenait à «s'obstiner poliment». J'ai compris ce qu'elle voulait dire. En France, les gens aiment voir des joutes oratoires, parfois ça peut même tomber dans le bas de gamme, ils peuvent s'insulter. Ici, si quelqu'un fait ça, il va y avoir de la bataille.»

Depuis cinq ans, en raison du succès de l'émission, ce qui a changé aussi, c'est le poids médiatique de Guy A. Lepage, que certains peuvent trouver un peu trop lourd. «Nous autres, on fait cette émission sans directives de la haute direction, sans ingérence, et on la fait en collégialité. Honnêtement, ce que les autres peuvent penser sur la façon dont on fait notre travail, si on a trop de pouvoir, ça ne me touche même pas parce que nous ne pensons jamais à ça. Je trouve que le pouvoir qu'a Quebecor sur la société présentement est pas mal plus important et a pas mal plus d'incidences que le pouvoir qu'a TLMEP dans sa case horaire.»

Coupes et culture

L'émission reviendra l'an prochain avec en toile de fond les coupes budgétaires à Radio-Canada. Elles ne toucheront pas l'équipe de TLMEP. «Ça s'explique très facilement; c'est une émission qui rapporte beaucoup d'argent, ce qui permet de faire d'autres émissions à Radio-Canada et de congédier moins de monde», explique Guy A. Lepage Par contre, la morosité économique risque d'influer sur le contenu de TLMEP, il en est conscient. «C'est sûr que la saison d'automne va être teintée par des artistes, des économistes, des politiciens et des hommes d'affaires financièrement insatisfaits. Et on ira probablement en élections...» Ce qui le fait sortir de ses gonds, par contre, c'est le mépris du gouvernement Harper et de certains contribuables envers la culture. «Il y a une insatisfaction québécoise et canadienne du milieu de la culture qui est généralisée et légitime. C'est épouvantable, c'est comme si ce gouvernement ne réalisait pas qu'investir dans la culture, c'est comme investir dans les routes, dans la fonction publique, dans la santé. C'est non seulement un besoin collectif, mais en plus, ça rapporte énormément d'argent. Moi, chaque fois que j'entend le monde dire «on paye ça avec nos taxes», quand j'entends des caves dire que Robert Lepage est un «BS de luxe», je pense «gang d'épais!»». Non mais vraiment, gang d'imbéciles. Une piasse investie rapporte 10 fois plus et permet de financer l'art qui n'est pas nécessairement rentable mais dont le rayonnement culturel et identitaire est primordial pour la survie d'un peuple. Je ne peux pas croire qu'il y a des gens qui ne comprennent pas ça encore!»

C'est aussi en raison de ce contexte difficile qu'il animera pour la deuxième fois le spectacle-bénéfice Charité bien ordonnée commence par nous tous, au profit du Club des petits déjeuners et de la Fondation pour la promotion de la pédiatrie sociale du Dr Julien. Cette idée, qu'il a eue avec son agent, Jacques K. Primeau, prend la forme d'un happening musical qui rassemblera les Porn Flakes, Garou, Lulu Hugues, Martine St-Clair, Stéphane Rousseau, Daniel Bélanger, Marina Orsini, Marie-Mai et DJ Dee, histoire de rendre le don plus festif. «Je ne te cacherai pas que cinq ans de TLMEP ont changé l'homme que je suis» dit celui qui invite pratiquement toutes les semaines des gens qui travaillent fort pour améliorer la société. «On vit dans un monde égocentrique et égoïste, et il y a des gens qui, en partant, décident de consacrer leur existence aux autres. Pour moi, ce sont des magiciens, ça m'a toujours impressionné.»

On saura demain en conférence de presse quel sera le programme de la Fête nationale au parc Maisonneuve, dont il sera l'animateur. Ce nouveau défi ne le stresse pas du tout. «Je suis né à quelques rues du parc Maisonneuve, alors pour moi, c'est comme faire un show dans mon patelin. Je serais bien plus énervé si c'était à Amqui ou Rimouski! Je trouve important que le peuple québécois manifeste sa solidarité de façon visible.» Et qu'est-ce que ça fait, un Guy A. Lepage en vacances? «Oh, c'est très bon, un Guy A. Lepage en vacances! Ça sait très bien voyager, ça sait très bien relâcher. Et si je m'ennuie, je vais aller faire des shows avec les Porn Flakes...»

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Charité bien ordonnée... commence par nous tous, jeudi le 14 mai, au Métropolis, 20 h. Billets: 514-908-9090 ou www.ticketpro.ca.