Les projets de web télé foisonnent au Québec. Si l'offre audiovisuelle disponible en ligne se fait de plus en plus intéressante, il reste toutefois encore beaucoup à faire pour séduire un plus grand nombre d'internautes, estiment plusieurs producteurs indépendants.

Ces producteurs sont en total désaccord avec l'idée voulant que le Québec accuse un retard par rapport à d'autres pays concernant la diversité des projets mis en ligne sur la toile. Des émissions comme Chez Jules, Mablonde.tv ou encore Les chroniques d'une mère indigne ne sont que quelques exemples de productions québécoises que l'on peut visionner sur le web.

Pourtant, au terme des différentes conférences et tables rondes organisées dans le cadre du congrès de l'Association des producteurs de films et de télévision du Québec (APFTQ) qui se tenait mardi à Gatineau, plusieurs artisans du milieu se demandaient avec inquiétude pourquoi la province traînait la patte en ce qui concerne l'offre audiovisuelle disponible sur la toile.

«Le Québec est en retard pour sa consommation de fiction sur le web et non pas pour son nombre de productions destinées à l'internet», affirme d'un ton assuré Geneviève Lefebvre, productrice des capsules web Chez Jules. Elle souligne du même souffle qu'il faut inciter les internautes à visionner en ligne un plus grand nombre de productions québécoises. «Il reste une habitude à créer», admet-elle.

Par ailleurs, Mme Lefebvre reproche aux artisans de la télévision d'être très peu connectés sur l'univers d'internet. «Parmi les producteurs de télé conventionnelle, il n'y en a pas un qui connaît le web, à part pour aller consulter ses courriels, poursuit-elle. Ils sont 20 ans en retard!»

Mme Lefebvre reproche également à l'APFTQ de ne pas avoir invité les producteurs indépendants de web télé au congrès afin qu'ils puissent eux aussi prendre part aux discussions concernant la mise en ligne de projets télévisuels et cinématographiques.

Pourtant, ils sont sans doute les mieux placés pour discuter de la question, estime la productrice de Chez Jules. À noter toutefois que ces derniers ne sont pas membres de l'Association. «Personne ne nous a consultés, reproche-t-elle. Il faudrait aussi que la ministre (de la Culture, Christine St-Pierre) consulte les gens sur le terrain, ceux qui font véritablement de la web télé.»

Conditions difficiles

Catherine Beauchamp, animatrice et productrice web du Tapis rose de Catherine - capsules portant sur le cinéma -, abonde dans le même sens. Elle aurait souhaité elle aussi partager son expérience. «Je rêve de participer à des tables rondes pour discuter de nos attentes, mentionne-t-elle. Je ne suis pas certaine que la ministre sait combien ça coûte faire de la télévision sur le web. Et les producteurs de télévision conventionnelle cherchent une façon d'exploiter le web pour faire de l'argent», s'insurge-t-elle.

Or, pour le moment, il n'existe pas de modèle économique viable dans ce domaine. Pour Le tapis rose de Catherine, par exemple, les responsables du maquillage et de la coiffure travaillent bénévolement. Et Mme Beauchamp affirme qu'elle n'empoche aucun sou avec son émission, ce qui l'oblige à avoir un autre emploi à temps partiel. «J'aimerais bien pouvoir trouver une façon d'en vivre», admet-elle.

Du côté de l'APFTQ, on assure n'avoir écarté personne des discussions qui ont eu lieu lors du congrès. «C'est un événement qui est ouvert à tous les partenaires de l'industrie et pas seulement à nos membres», mentionne la porte-parole de l'Association, Céline Pelletier, tout en précisant que des invitations personnelles n'ont pas été envoyées à tous. Toute personne intéressée à participer pouvait s'inscrire sans problème, insiste-t-elle. «J'espère que pour la prochaine année, ils vont prendre part à l'événement.»

La ministre St-Pierre se dit intéressée aux nouvelles plateformes et ouverte à discuter avec les créateurs web. «S'ils veulent me rencontrer, a-t-elle mentionné hier au cours d'un entretien téléphonique avec La Presse, il n'y a aucun problème.»