Le ministre du Patrimoine, James Moore, n'a pas réussi à rassurer les partis d'opposition inquiets de l'avenir de Radio-Canada et des autres diffuseurs généralistes qui disent traverser la pire crise de leur histoire, causée par l'érosion de leur auditoire et de leur revenus publicitaires.

Devant un comité parlementaire, le ministre originaire de la Colombie-Britannique s'est décrit mercredi comme un «fan» du diffuseur public, dont il consomme plusieurs émissions de télévision et de radio en format numérique, sur son lecteur personnel.

Il a répété que son gouvernement s'était engagé à plusieurs reprises à soutenir la société d'État, qui reçoit environ 1,1 milliard $ par an des contribuables.

Pour démontrer sa bonne foi, il a indiqué que des compressions dans le budget du diffuseur public n'étaient pas dans les cartes. Il a en outre confirmé que l'entreprise recevrait bientôt les 60 millions $ supplémentaires auxquels elle s'attend pour financer sa programmation 2009-2010.

Sa profession de foi et ses promesses n'ont cependant pas convaincu ni ses adversaires politiques, ni les observateurs de l'industrie qui assistaient à sa présentation.

«Je n'y crois pas, parce que l'on s'aperçoit que, depuis qu'il a été nommé, ce qu'il dit et ce qu'il fait, ce sont deux choses totalement différentes», a souligné la bloquiste Carole Lavallée, à l'issue de la réunion.

«Ce n'est pas crédible. C'est toujours la même cassette et il ne fait rien pour corriger quoi que ce soit», a-t-elle ajouté.

C'est aussi l'avis du président de l'organisme de surveillance Friends of Canadian Broadcasting (FCB), Ian Morrison, qui est sorti amer de la séance. «Je m'attendais à ce que le ministre vienne nous dire la vérité et ce n'est pas le cas. C'est décevant, parce que la différence entre ses paroles et ses gestes est évidente», a-t-il confié.

FCB espérait un engagement formel de la part du ministre envers Radio-Canada. En prévision de la réunion du comité du patrimoine, l'organisme a rendu public un sondage indiquant entre autres que les Canadiens sont attachés à CBC/Radio-Canada et qu'ils craignent que l'entreprise diminue encore sa production régionale.

La récente restructuration du diffuseur public, qui a dû combler un trou de 160 millions $ dans son budget, a fait très mal aux régions, et notamment aux francophones hors-Québec, qui ont vu disparaître certaines de leurs émissions locales.

Jusqu'à maintenant, les plaidoyers de Radio-Canada ont semblé laisser le ministre Moore de glace. On ne sait pas non plus si le gouvernement a l'intention d'aider les diffuseurs privés généralistes, qui demandent avec insistance qu'on force les câblodistributeurs à leur verser une redevance comparable à celle dont bénéficient les chaînes spécialisées.

Le ministre n'a pas semblé fermé à l'idée, mais il a rappelé que cette question était actuellement à l'étude devant le Conseil de la Radiodiffusion et des télécommunications canadiennes.

Il a affirmé qu'à son avis, l'avenir des entreprises canadiennes de télédiffusion dépend du bon usage qu'elles feront des nouvelles technologies.