Le concept est tout simple: l'inclassable Elvis Costello reçoit des artistes avec qui il fait de la musique et jase de tout et de rien. Voilà pourtant l'une des meilleures émissions musicales que nous ait données la télé, toutes catégories confondues. Discussion avec le créateur canadien de Spectacle: Elvis Costello With...

Stephen Warden rêvait de cette émission depuis 10 ans. Ce journaliste canadien a longtemps été payé pour voyager de par le monde et interviewer des rock stars. «Ma famille, mes amis, mes lecteurs, tout le monde me disait j'aurais tellement aimé être avec vous dans la chambre d'hôtel de New York où vous avez interviewé Keith Richards ou dans le studio de Los Angeles avec R.E.M. Les gens sont tellement fascinés par les coulisses du monde de la musique et les grands musiciens! Mais on ne voit jamais ça à la télé; les musiciens invités à des talk-shows font une chanson puis parlent à l'animateur 30 secondes, jamais en profondeur.»

 

Au bout du fil, Stephen Warden est très enthousiaste. L'émission Spectacle: Elvis Costello With... a finalement vu le jour et elle est sans doute plus intéressante que ce qu'il avait imaginé. Aux États-Unis et au Royaume-Uni, où les 13 épisodes ont été diffusés de décembre à mars, la critique a été dithyrambique. Et les premières réactions sont tout aussi bonnes après la première canadienne de l'émission, diffusée sur CTV le 3 avril.

Cette émission, où Elvis Costello confessait Elton John, était fascinante. Le climat de confiance entre l'animateur et son invité, deux bons amis, était palpable. Elton John a parlé en abondance de ses premiers disques un peu éparpillés, de Leon Russell qui a influencé son jeu au piano, de Laura Nyro dont il s'est inspiré pour composer Burn Down the Mission et de David Ackles, un artiste peu connu, dont il a chanté une chanson avec l'Elvis britannique. Dans cette atmosphère détendue, Reggie Dwight et Declan McManus ont même échangé sur le pourquoi et le comment de leurs noms de scène, Elton John et Elvis Costello. Du bonbon.

La deuxième émission, rediffusée ce soir à 18h sur Bravo!, est différente mais tout aussi intéressante. Individuellement puis en trio, Andy Summers, Stewart Copeland et Sting - tiens, tiens, un autre pseudonyme... - répondent aux questions de Costello, illustrant parfaitement par leurs réparties et leurs mimiques la tension et l'amitié qui ont fait de The Police un groupe marquant.

Elvis, le touche-à-tout

Le concept de Stephen Warden est devenu réalité parce que ses associés torontois ont coproduit un film avec Rocket Pictures, la compagnie d'Elton John et de son conjoint d'origine torontoise, David Furnish. John et Furnish ont vité été séduits par l'idée et ont accepté de coproduire la série. Tout le monde s'est mis d'accord pour en confier l'animation à Costello.

«Je suis un fan d'Elvis depuis ses débuts et je me souviens de l'avoir vu remplacer au pied levé David Letterman un soir qu'il était malade, raconte Warden. Elvis est un être brillant et amusant qui a touché à tous les genres de musique, dont les goûts et les intérêts sont éclectiques et qui est aussi à l'aise de jaser avec Herbie Hancock qu'avec Renée Fleming.»

Avant d'accepter, Costello a justement exigé que la liste d'invités soit la plus diversifiée possible. Au fil des 13 émissions, il accueille aussi bien Tony Bennett, Smokey Robinson et James Taylor que Rufus Wainwright, Lou Reed et Bill Clinton!

«Nous avons jeté le livre des règlements par la fenêtre, ajoute Warden. L'émission, enregistrée devant public, change selon les invités. Dans la première, Elvis est seul avec Elton; dans la deuxième, il accueille un groupe, The Police; puis dans la troisième, quatre artistes (Kris Kristofferson, Rosanne Cash, Norah Jones et John Mellencamp) échangent avec lui en faisant de la musique ensemble. Ce qui ne change pas, c'est la conversation en profondeur sur la musique, les influences, ce qui fait de chaque invité un artiste, et les numéros musicaux où leur complicité est évidente.»

Si aucun des artistes pressentis n'a refusé de participer à l'émission, certains, que Warden ne nommera pas, ne pouvaient le faire parce qu'ils n'étaient pas disponibles. «C'est très compliqué parce qu'il faut tenir compte de l'agenda de tout le monde, dont celui d'Elvis qui mène de front sa carrière et sa vie familiale avec Diana Krall et leurs jeunes enfants, dit Warden. Si jamais on fait une deuxième saison, ce que j'espère, ils pourront se reprendre.»

SPECTACLE: ELVIS COSTELLO WITH... est diffusée sur CTV le vendredi à 22h, et sur Bravo! le samedi à 20h et le dimanche à 18h.