Le gouvernement Harper a encaissé toutes les critiques des partis de l'opposition sur les pertes d'emplois à Radio-Canada presque sans broncher, hier.

Le chef du Parti libéral, Michael Ignatieff, a réitéré une demande déjà faite par la société d'État, soit de lui consentir un prêt à long terme pour lui permettre de passer à travers la crise économique sans trop de dommages. Le Bloc québécois et le NPD, de leur côté, ont exhorté le gouvernement conservateur à mettre son idéologie de côté et de venir en aide au diffuseur public pour empêcher la perte de quelque 800 emplois -dont plus de 300 à ses services français- annoncée hier.  

Mais la réponse, tant de Stephen Harper que de son ministre du Patrimoine, James Moore, est restée la même que celle des dernières semaines : Ottawa a assez donné. «Bien sûr, personne n'aime voir des pertes d'emplois», a déclaré le ministre Moore.

Or, la situation de Radio-Canada n'est pas unique, a-t-il noté: tous les diffuseurs se plaignent d'une baisse de leurs revenus publicitaires et éprouvent actuellement des difficultés.

 «Cela crée de véritables défis et Radio-Canada devra les affronter à sa manière, a tranché James Moore. Je suis confiant qu'elle le fera de façon efficiente et qu'elle continuera à fournir les services aux Canadiens de manière appropriée.»

 Par ailleurs, le ministre s'est montré ouvert à entreprendre une discussion sur la vente de certains actifs de la société, une composante du plan annoncé par le PDG Hubert Lacroix, hier, et qui permettrait de gagner environ 125 millions.

 Une telle vente d'actifs nécessiterait l'aval d'Ottawa. «Nous travaillerons avec Radio-Canada, a dit M. Moore. Nous examinerons tout cela et nous nous assurerons que ce soit fait de manière à servir les Canadiens le mieux possible.»

Déchaînés

Mais les partis de l'opposition se sont déchaînés sur la position des conservateurs, hier. Il faut dire que celle-ci a toujours été une cible de choix pour ses adversaires politiques.

 Rappelons qu'au cours des dernières élections, certains avaient accusé Stephen Harper de vouloir couper le budget de Radio-Canada.

«Le premier ministre comprend-il l'importance de cette institution nationale pour tous les Canadiens, mais surtout pour les francophones hors Québec?» a demandé le chef libéral, Michael Ignatieff, en ouvrant la période de questions.

«Doit-on voir dans cet acharnement contre Radio-Canada un autre effet pervers de son idéologie réformiste?» a quant à elle lancé la députée bloquiste Carole Lavallée.

«Pourquoi le ministre s'attaque aux communautés rurales et francophones qui ont besoin du service local de Radio-Canada?» a ajouté le député néo-démocrate, Charlie Angus.

Mais ces salves n'ont pas trop déstabilisé le premier ministre et son équipe, qui ont encore une fois offert une réponse maintes fois répétée au cours des dernières semaines.

«Nous reconnaissons absolument l'importance de Radio-Canada. C'est la raison pour laquelle nous lui avons donné un montant sans précédent cette année, soit 1,1 milliard de dollars», a répondu Stephen Harper.

Le premier ministre est resté concis dans ses voeux et commentaires pour les travailleurs touchés. «C'est toujours dommage quand quelqu'un perd son emploi», a-t-il simplement déclaré.