Pour affronter ses graves problèmes financiers, Radio-Canada/CBC baissera de 10 à 20% le salaire de quelque 80 membres de sa haute direction en 2009-10. C'est ce qu'a indiqué son PDG Hubert T. Lacroix dans une note de service envoyée aux employés mercredi soir.

Le salaire de ces hauts dirigeants sera ainsi gelé et leurs primes au rendement diminueront d'environ 50 %. «On devrait épargner ainsi environ 2 millions sur deux ans», indique Marco Dubé, porte-parole de la société d'État.

En vertu de la Loi sur l'accès à l'information, La Presse a obtenu un document sur les primes au rendement versées de 2000 à 2007. En 2000, elles totalisaient 1 061 650 $. En 2007, la dernière année pour laquelle les chiffres sont disponibles, elles grimpaient à 7 627 445 $.

M. Dubé explique cette forte croissance de deux façons. «Les primes sont versées en pourcentage de salaire, indique-t-il. Comme les salaires ont augmenté depuis 2000, les primes ont donc elles aussi augmenté. L'autre raison, c'est que nous avons augmenté le nombre d'employés admissibles aux primes (aujourd'hui, près de 5 % des employés ont droit à ces primes). Nous sommes en concurrence avec le secteur privé pour embaucher les meilleurs talents, et c'était une façon de les attirer. Il faut savoir que contrairement à nous, le privé peut offrir des incitatifs comme des options d'achat d'actions.»

En 2007, les primes au rendement de Radio-Canada comptaient pour environ 0,7 % de sa masse salariale totale (soit 800 millions, incluant les avantages sociaux, partagés par ses 9900 employés).

Selon le plan actuel, seuls les membres de la haute direction perdront la moitié de leurs primes au rendement en 2009-10.

Toujours selon nos chiffres obtenus en vertu de la Loi sur l'accès à l'information, Radio-Canada/CBC a versé un peu plus de 24 650 005 $ en indemnités de départ en 2007. Le chiffre était de 24 136 000 $ en 2000. Il n'existe pas de plan pour l'instant afin de réduire ces indemnités.

Vente prochaine d'actifs

Mardi, le conseil d'administration de Radio-Canada/CBC a approuvé le plan et le budget soumis par la haute direction. M. Lacroix prévoit maintenant rencontrer les employés mercredi prochain pour parler «des changements à venir». Au cours des 24 heures qui suivront, les vice-présidents et gestionnaires procéderont à des «annonces plus précises» auprès de leurs membres. Les syndicats concernés seront rencontrés auparavant.

Radio-Canada s'attend à perdre 125 millions en 2009-2010. Pour l'instant, la société d'État refuse de se prononcer sur d'éventuelles mises à pied.

Dans sa note de service interne, M. Lacroix confirme néanmoins quelques décisions du conseil d'administration. Le contenu américain n'augmentera pas à la télé, et la publicité n'apparaîtra pas à la radio. Un programme incitatif de retraite volontaire a aussi été adopté. Des actifs seront également vendus. «Ce budget présume que le gouvernement autorisera la vente d'un nombre suffisant d'actifs pour que nous puissions lever assez de fonds pour passer à travers la crise sans avoir à faire de coupures supplémentaires», écrit-il. M. Lacroix assure par ailleurs entretenir de bonnes relations avec le ministre du Patrimoine, James Moore.

Avec la collaboration de William Leclerc