À quoi cela ressemble, une dizaine de gars hébétés qui retiennent leur sourire en feignant de rester cool? Cela ressemble aux photographes, caméramans et scribes qui s'entassaient hier dans un club huppé de Montréal pour le tournage de Pole position.

L'oeuvre produite et animée par Anne-Marie Losique célèbre la danse, mais pas sa version contemporaine. L'accoutrement est encore plus léger. Style époque homo erectus.

Résumons. La compétition oppose les protégées de six bars de danseuses québécois: le Kingdom Gentleman's Club de Montréal, le Faucon Bleu de Mont-Tremblant, le Zipper de Saint-Hyacinthe, le Garage de Mirabel, le Body Girl de Berthierville et le Cabaret Doric de Longueuil. Le but: trouver la ville avec le meilleur établissement.

La série de quatre émissions sera présentée à Télé à la carte début mai (16 ans et "). Une chaîne généraliste a été contactée et pourrait aussi la diffuser. Un projet de livre est également en chantier.

Le regard fixe avec ses oreilles de lapin et quelques autres pouces carrés de vêtements, Anne-Marie Losique nous vante le concept. «Quand je me promène dans le monde, on me parle de deux choses du Québec: ses grands espaces et ses bars de danseuses. C'est une de nos signatures touristiques. Je voulais les célébrer en montrant les tops des tops», lance-t-elle en direct d'une banquette en cuir. Derrière, une longue scène s'étire avec ses deux poteaux, sa boule disco, un immense miroir, une baignoire gonflable, des boudoirs et autres nécessités.

Une trentaine de danseuses s'activent à côté pour la compétition qui sera filmée pendant les 48 heures suivantes. Explosion de ballons avec les fesses, «Bowling vertige» ou tête-à-tête avec un poteau: les épreuves pourraient révéler certains talents. N'est-ce pas, Cara-Nicole, danseuse d'Halifax et une des juges du concours?

«Oui, acquiesce-t-elle en anglais. Mais tu sais ce qui compte le plus? Le regard. Faut sourire et s'intéresser aux clients. Si t'as une petite attitude, personne ne va dépenser son argent sur toi.»

De l'argent, la danseuse en gagne pas mal. «Les filles peuvent gagner entre 60 $ et 1500 $ par soir. Moi, c'est 500 $ net par soir, 200 soirs par année.» Elle hésite ensuite un peu. «Fais le calcul pour une année au complet. Sérieusement, je ne suis pas capable, je suis blonde!»

Une certaine réalité

La série ne présente qu'une certaine réalité des effeuilleuses. Le côté ludique et lubrique. Celles à qui nous avons parlé semblaient ravies de participer à Pole position. Et ce, même si quelques-unes ne travaillent même pas pour le club qu'elles représentent. «Pourquoi on est là? Ben, un peu parce qu'on veut de la pub pour nos films XXX», avoue Kelly Summer, 25 ans, flanquée de son acolyte Vandal Vyxen, la seule des deux qui travaille parfois au Kingdom.

Quant à eux, les bars en compétition cherchent évidemment à faire parler d'eux. Mais le patron du Zipper de Saint-Hyacinthe veut aussi déboulonner certains «mythes». «Il n'y a pas de cochonneries chez nous, insiste Fred Tremblay. Et c'est pas toutes des mauvaises filles. Oui, il y en a qui viennent de milieux difficiles et qui manquent de confiance. Je leur sers de famille, je les conseille sur n'importe quoi, comme l'achat d'une auto ou comment se bâtir un bon dossier de crédit.»

Une de ses protégés l'interrompt alors. «Regarde-moi la tête. J'ai l'air d'une slut, se lamente-t-elle.» Un problème de cheveux, apparemment. «Va voir le coiffeur, lui conseille-t-il. Il va t'arranger ça pour que ce soit O.K.»