Radio-Canada explore «toutes les avenues possibles» pour redresser sa situation financière: augmenter le contenu américain à l'écran, augmenter la publicité, réduire la couverture géographique de certains services, démanteler ou vendre des services de télévision et radio, ou peut être même faire des coupes de personnel.

C'est ce qu'exposait hier Hubert T. Lacroix, président-directeur général de CBC/Radio-Canada, dans une allocution devant l'Empire Club de Toronto.

«On essaie d'abord de protéger notre personnel, puis nos programmes et tous nos autres services, a-t-il indiqué ensuite en entrevue avec La Presse. Mon désir le plus sincère, c'est de protéger nos employés. Mais il faut réaliser que dans l'environnement actuel, ce n'est pas un défi qui sera facile à relever.»

Radio-Canada poursuit sa réflexion. Les diverses solutions seront présentées et examinées les 16 et 17 mars prochains au conseil d'administration.

Le diffuseur public traverse d'importantes difficultés financières. Pour l'exercice financier qui se termine le 31 mars prochain, ses revenus publicitaires devraient baisser de 55 à 65 millions. C'est 17 % de moins que les revenus prévus dans le budget, produit avant le début de la crise économique. À cette perte s'ajoute une augmentation de 50 à 60 millions en coûts de production.

Malgré tout, Radio-Canada prévoit que l'exercice financier 2008-2009 sera équilibré, grâce au resserrement de ses dépenses et à d'autres mesures comme le gel des embauches. Toutes ces mesures restent en vigueur. Mais comme les pertes de revenus publicitaires ne se résorberont «pas dans un avenir proche», la société d'État demande l'aide du gouvernement.

Le gouvernement conservateur a répété hier que Radio-Canada ne recevra pas davantage d'argent (la SRC reçoit environ 1,05 milliard par année). «Mais nous ne demandons pas du tout plus d'argent, tient à préciser M. Lacroix. Nous comprenons que ce n'est pas réaliste dans le contexte actuel. Ce que nous demandons, c'est une marge de crédit pour obtenir plus de flexibilité financière. Nous la rembourserions bien sûr selon un échéancier prévu.»

Ottawa n'a «pas encore donné suite à cette demande», explique M. Lacroix. La SRC demande aussi depuis quelques temps que son financement soit établi sur une base de sept ans plutôt que d'un an, afin de mieux planifier ses activités. Le gouvernement conservateur n'a «pas donné de nouvelles à ce sujet depuis février ou mars 2008», rapporte M. Lacroix.

Si Ottawa devait refuser cette demande de marge de crédit, il propose un plan B. «Si on nous refuse cette marge de crédit, alors qu'on nous permette de la créer nous-mêmes en nous autorisant à vendre certains de nos actifs.»

Devant l'Empire Club, M. Lacroix a donné comme exemple la vente de services de télé ou de radio. «Ce ne sont que des exemples, insiste-t-il. Mais il est clair qu'en agissant ainsi, on vendrait des actifs à long terme pour payer des besoins à court terme. Ce ne serait certainement pas une solution optimale.»