Françoise David, l'une des deux co-leaders de Québec solidaire, entend déposer d'ici une quinzaine de jours une plainte auprès du Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes (CRTC) contre l'animateur de radio de Québec qui l'a qualifiée de «chef soviétique» et contre la station qui l'emploie. Elle demande aussi à la ministre de l'Éducation, Michelle Courchesne, de se prononcer sur cette affaire.

Ulcéré de constater que Mme David avait sa photo dans un cahier d'exercices du cours «éthique et culture religieuse», l'animateur du FM 93,3 Sylvain Bouchard avait parlé, la semaine dernière, de «propagande politique communiste» en faveur d'une «soviétique et marxiste». Il avait aussi demandé aux élèves de quatrième secondaire, à qui le cahier est destiné, d'arracher la page où se trouvait la photo et de la lui expédier dans le cadre d'un concours.

Mme David s'étonne du silence de la ministre Courchesne alors que l'animateur s'en est directement pris au personnel enseignant, selon elle, et que le concours incitait au vandalisme.

«J'aurais souhaité qu'à tout le moins elle dénonce ce concours et indique aux animateurs de radio qu'ils n'ont pas à organiser des tirages auprès des jeunes en les invitant à déchirer des manuels scolaires», a précisé celle qui était mentionnée dans le cahier à titre de féministe.

«Et j'invite encore Mme Courchesne à le faire, a-t-elle ajouté. Ça me paraît minimum quand on est ministre de l'Éducation.»

De plus, Mme David est d'avis que le concours et les propos de M. Bouchard ont contrevenu à l'esprit, sinon à la lettre, de l'article 9 du code de déontologie de l'Association canadienne des radiodiffuseurs. Celui-ci invite les stations de radio à veiller à ce que leurs émissions ne soient pas le cadre d'un langage indûment grossier et injurieux, ni d'encouragements à la violence.

«Ce n'est pas contraignant au sens de la loi», a reconnu Mme David, ajoutant toutefois que le 93,3 a adopté ce code. «Je trouve curieux que ce poste de radio qui signe un code de déontologie ne semble pas pressé de l'appliquer. Ce qui veut dire aussi d'ailleurs que je pourrais écrire à l'Association canadienne des radiodiffuseurs.»

Un recours aux tribunaux est envisageable. «Ce qui peut toujours être possible, c'est une poursuite pour diffamation. Je ne l'exclus pas. Je n'annonce rien non plus. C'est une réflexion que je vais faire tranquillement et à tête reposée.»

La Fédération autonome de l'enseignement (FAE) a de son côté publié, mardi, un communiqué disant que ses membres ont été outrés d'apprendre que la direction du 93,3 et Sylvain Bouchard refusaient de s'excuser. D'après la vice-présidente et responsable du dossier de la condition des femmes à la FAE, Danielle Ducharme, il ne fait aucun doute que les propos de M. Bouchard ont été insultants pour Mme David, les femmes et les enseignants.

Le directeur de la programmation de la station de radio en cause, Michel Lorrain, avait indiqué, vendredi, qu'il ne voyait pas en quoi des excuses étaient nécessaires. Il était d'avis qu'il n'y avait pas eu diffamation.

La semaine dernière, Mme David avait déjà obtenu plusieurs appuis, dont ceux de la Fédération des femmes du Québec (FFQ) et de la Centrale des syndicats du Québec (CSQ). La CSQ avait notamment affirmé que M. Bouchard avait contribué à l'intolérance.