Peu de vedettes du showbiz se drapent aussi habilement dans l'autodérision que Louis Morissette et Véronique Cloutier. En fait, pratiquement aucune star québécoise n'utilise ce délicieux procédé humoristique, de peur, évidemment, de mal paraître aux yeux des téléspectateurs. Mais pas Louis et Véro. Heureusement.

Exemple? Véro à Louis, dans une autopromo du Bye Bye 2008: «Le Bye Bye, ça me stresse. J'ai pas envie que les gens disent: ouin ben, c'était pas fort le Bye Bye à Véro.» Réponse de Louis: «En passant, c'est pas TON Bye Bye, c'est NOTRE Bye Bye. Pas de texte, tu ne fais pas un Bye Bye. Tu animes Paquet voleur, le show où ta robe vaut plus cher que le gros lot que tu donnes.»

Réplique de Véro: «Ouin, pis sans moi, tu fais des shows dans des bingos avec les Mecs comiques.»

C'est un Bye Bye 2008 dans cet esprit que nous concoctent les deux tourtereaux : caustique, baveux et rigolo. «Ça va être mordant. Le Bye Bye amène ça: un côté grinçant. C'est une rétrospective où l'on parodie l'année. Et quand tu parodies, tu passes nécessairement un commentaire», note Louis Morissette.

«Donc, écorcher, ça vient un peu avec», enchaîne Véronique Cloutier.

Scoop, ici: c'est Véro qui imitera Julie Couillard et Céline Dion. Entre 20 et 30 comédiens connus, dont Radio-Canada dévoilera l'identité après Noël, joueront avec elle dans ce Bye Bye 2008. Leur recrutement a été plutôt ardu. «Certains comédiens ont la chienne, d'autres ne sont pas disponibles, d'autres demandent trop cher», détaille Louis Morissette. «les gens pensent qu'on se met riches avec le Bye Bye, mais c'est à peu près le contrat le moins payant que l'on fait», complète Véronique Cloutier. «Après les Gémeaux», glisse Louis Morissette, qui a imaginé ce Bye Bye avec François Avard, Jean-François Léger et l'humoriste Pierre Hébert.

La moitié de cette émission phare, dont plusieurs vignettes humoristiques, aura été préenregistrée. Le reste, dont quatre numéros de variétés, vous parviendra en direct du studio 42 de Radio-Canada. Selon Louis Morissette, les sketches composent 70% du Bye Bye. «Et comme RBO a ramené le Bye Bye dans sa forme plus traditionnelle, c'est plus délicat de mettre de la musique là-dedans. On a décidé de faire moins de numéros musicaux, mais de les faire un peu plus recherchés, avec une mise en scène plus éclatée», souligne Véronique Cloutier.

Autre scoop : le band Lost Fingers égayera cette fête de 90 minutes. Véro promet une ouverture «assez grandiose, avec bien du monde, bien de l'action et bien de la musique».

Des gags à assumer

Outre la politique canadienne et québécoise, les déboires de la famille de Patrick Roy et la violence dans le hockey junior, Véro et Louis passeront aussi TQS dans le tordeur. «On n'a pas le choix de faire des gags sur TQS. La transition a été discutable et on peut en faire des blagues», croit Louis Morissette.

«Et c'est délicat. Moi, j'ai une compagnie de production, je crois à la relance de TQS et je veux que ça marche, parce que c'est important d'avoir un troisième diffuseur généraliste. Je ne dis pas que ce qu'ils (à TQS) vont faire, c'est mauvais. Disons que cette année, ç'a été plutôt inégal», souligne Véronique Cloutier.

La question qui tue, maintenant: le couple a-t-il peur de se mettre à dos d'autres gens d'influence? Rappelez-vous le brouhaha médiatique entourant Ceci n'est pas un Bye Bye en 2003. La parodie de Séraphin Péladeau avait alors provoqué le renvoi de Louis Morissette de TVA. «Je ne pense pas revivre un Pierre Karl Péladeau avec Maxime Rémillard. Il est plus bright que ça», soutient Louis Morissette.

Pour avoir lui-même goûté à la médecine de RBO, qui a inséré le virulent C.A.C.A. dans son premier Bye Bye, Louis Morissette comprend la réaction parfois épidermique des personnalités broyées à la moulinette. «Sur le coup, tu ne ris pas», admet-il.

À la question: allez-vous mettre la pédale douce sur les gags visant TVA et l'empire Quebecor, Louis Morissette répond: non. «La seule question, précise-t-il, c'est de savoir si nous sommes capables d'assumer tout ce que nous avons écrit le lendemain.»

Évidemment, beaucoup de pression repose sur les épaules du duo: les deux derniers Bye Bye de RBO ont été de gigantesques succès, autant critiques que populaires. «La comparaison basée sur l'écoute me tape sur les nerfs. On ne peut pas juger de la qualité d'un show événementiel par sa cote d'écoute. Moi, RBO, ça me met de la pression à la conception. Ils ont été tellement bons que ça me force à donner le deuxième effort. Cela dit, nous allons faire quelque chose de différent. Ça peut être aussi bon que RBO. Mais c'est un autre type de soirée», explique Louis Morissette.

«S'il y en a pour tout le monde, pour moi, la mission aura été accomplie», tranche Véronique Cloutier.

Les critiques du public ou celles entendues sur les tribunes téléphoniques angoissent plus Louis Morissette que Véronique Cloutier. « Sur 2,5 millions de personnes, il y en a facilement 500 000 qui ne sont pas des amateurs d'humour et qui ne vont pas voir d'humoristes en salle. Ils écoutent le Bye Bye, ils ont trois ou quatre verres dans le nez, ça parle fort, ils regardent deux minutes de l'émission, puis ils disent: c'est plate!» se désole Louis Morissette.

Plus zen, Véronique Cloutier espère une soirée du 31 décembre amusante et décapante. «Tu ne peux faire un Bye Bye cute», pense-t-elle. «Oui, ça s'appelle 2008 revue et corrigée», répond Louis Morissette.

Mordant, vous dites? Heureusement.

Bye Bye 2008, sur les ondes de Radio-Canada le 31 décembre,

à 23 h; rediffusion: le 1er janvier à 20h.