L'acteur québécois Gilles Pelletier, qui avait été des débuts de la télévision au Québec, dans les années 1950, et qui a aussi beaucoup joué au théâtre, est décédé à l'âge de 93 ans, mercredi soir, de «mort naturelle», a indiqué sa fille Claude.

Il avait été hospitalisé récemment pour un «état de faiblesse», a indiqué sa fille à l'agence de l'artiste.

Celui qui se destinait à une tout autre vocation, celle de marin, disait qu'il était devenu comédien «par hasard». Il a joué dans les téléromans naissants et au cinéma, et interprété les grands textes sur les scènes du Québec. Il aura été marin pêcheur dans Rue de l'anse, Xavier Galarneau dans L'héritage, prêtre dans Jésus de Montréal.

Il a aussi été cofondateur de la Nouvelle Compagnie théâtrale (NCT) avec sa femme, la comédienne Françoise Graton, décédée en novembre 2014.

Né le 22 mars 1925 à Saint-Jovite, dans les Laurentides, Gilles Pelletier est aussi le frère cadet de Denise Pelletier, qui deviendra elle aussi une comédienne célèbre, morte prématurément en 1976 à l'âge de 53 ans.

Attiré par la mer, le jeune Gilles Pelletier a navigué sur un vaisseau des Forces françaises libres durant la Seconde Guerre mondiale, et terminé l'école navale en 1945. Mais sa soeur Denise l'incite à monter sur les planches: il se familiarisera avec son nouveau métier dans les studios de radio de Guy Beaulne.

Dès les années 1950, il entreprend une carrière au cinéma et à la télévision - il décrochera même un petit rôle dans le film I Confess d'Alfred Hitchcock, tourné à Québec et sorti en 1953.

Pionnier de la télévision québécoise, il apparaît dans La famille Plouffe, Cap-aux-Sorciers, La côte de sable et surtout Rue de l'Anse.

Nouvelle Compagnie théâtrale

Au théâtre, il se distingue notamment dans Le songe d'une nuit d'été (1945) et La nuit des rois (1956) de Shakespeare. Il interprète le rôle-titre de Britannicus de Racine (1949), aux côtés de sa soeur, qui joue Agrippine. Il sera de la création d'Un simple soldat de Marcel Dubé, en télé-théâtre (1958), qui sera repris ensuite sur scène.

En 1964, il fonde à Montréal la NCT avec Françoise Graton et Georges Groulx, en vue de faire découvrir le théâtre aux jeunes. Il y signe des mises en scène, dont La mouette de Tchékhov, Don Juan de Molière et Le roi se meurt d'Ionesco. Après avoir logé au Gesù pendant 13 ans, la NCT déménage dans un ancien cinéma «palace» de l'est de Montréal, le Granada, qui deviendra le Théâtre Denise-Pelletier, en hommage à celle qui est décédée en 1976. Un demi-siècle plus tard, la mission de la compagnie est toujours vivante.

Gilles Pelletier quitte la direction de la NCT en 1982. Dans la même décennie, au petit écran, il marquera les mémoires avec son Xavier Galarneau, un père au lourd secret, dans le téléroman L'héritage, de Victor-Lévy Beaulieu. Aussi, en 1989, il interprète un homme d'Église dans Jésus de Montréal, de Denys Arcand, qui incidemment lui confiera une plus courte apparition similaire dans Les invasions barbares.

Sur la scène, il interprétera des personnages marquants dans les années 1990, dans Le retour de Pinter, Une vie au théâtre de Mamet ou Oedipe-roi de Sophocle.

Connu pour son engagement en faveur du fait français et ses convictions souverainistes, Gilles Pelletier confiait toutefois en août 2007 que l'indépendance lui semblait moins «inéluctable» dans les années 2000 que dans les années 1960. Il avait néanmoins ajouté qu'il ne pouvait «préjuger des descendants ou deviner l'avenir».

Il se définissait toujours comme un homme de la campagne, un marin, dont Montréal était le lieu de travail. Ainsi, dans la foulée du débat sur les accommodements raisonnables, il affirmait avoir toujours constaté que Montréal et le Québec rural constituaient deux entités complètement différentes.

Il regrettait par ailleurs que le théâtre d'ici n'attire pas davantage de Néo-Québécois. Il se réjouissait toutefois de la réapparition des grands classiques du répertoire au programme des scènes québécoises.

Gilles Pelletier a été lauréat du Prix du gouverneur général en 1991 et du prix Denise-Pelletier en 1998. Il était officier de l'Ordre du Canada et de l'Ordre national du Québec.