Le décès du grand acteur et metteur en scène Albert Millaire, mercredi à l'âge de 83 ans, a secoué le milieu de la culture québécoise. De nombreux collègues, amis et personnalités politiques ont rendu hommage à ce géant du théâtre.

Pour Monique Miller, c'est la perte d'un «frère» au sens figuré, mais la peine est aussi grande que s'il s'agissait d'un membre de sa famille.

«J'ai tellement joué avec Albert, c'était comme un frère, on a tout joué ensemble», rappelle l'actrice, qui confie vivre une «immense peine et une perte immense».

Très proche de son défunt collègue et de sa famille, elle savait que les jours d'Albert Millaire étaient comptés. «Je savais que ça s'en venait. J'appelais sa fille presque tous les jours et ça ne bougeait pas beaucoup. Mais même si on s'y attend, le choc est là», décrit Mme Miller.

En dehors du travail, elle garde le souvenir d'un excellent cuisinier qui savait savourer pleinement la vie. «J'ai beaucoup mangé la cuisine d'Albert! Il faisait tellement bien la cuisine et il invitait souvent ses amis proches», révèle-t-elle.

L'auteur Roch Carrier a connu Albert Millaire lors de la création de la pièce La Guerre, yes Sir!. Il a ensuite écrit le monologue La Céleste à bicyclette spécialement pour l'acteur.

«Ce que je retiens de lui, c'est d'abord un grand metteur en scène avec un sens extraordinaire de compréhension du texte. Il allait dans les nuances, mais sans être prétentieux. Il avait un ton juste», se souvient le romancier.

Sur scène, Roch Carrier note que «sa seule présence donnait aux acteurs et aux actrices l'envie d'être aussi bons qu'Albert».

Une observation que confirme sa grande complice Monique Miller. «Quand on a un partenaire qui écoute et qui est bon, ça nous rend meilleur. Nous, on avait une connivence», souligne celle qui a aussi été dirigée par Albert Millaire dans des textes de Carrier, Tchekhov, Ionesco et Dubé notamment.

Pour les plus jeunes générations d'acteurs, Albert Millaire a aussi fait figure de modèle, et a même suscité la convoitise, d'après Mme Miller.

«Je parlais à des actrices plus jeunes que moi et elles étaient toutes amoureuses de lui dans son rôle de Pierre Le Moyne d'Iberville», révèle-t-elle.

Par communiqué, l'agence Premier Rôle, qui a annoncé sa mort mercredi après-midi, a parlé d'un «artiste aux talents multiples, d'une envergure exceptionnelle, tant par ses interprétations théâtrales et ses mises en scène que par sa présence dans plusieurs téléromans et télé-théâtres de Radio-Canada».

En fin de journée, le Centre national des Arts (CNA), à Ottawa, a annoncé qu'il mettait son drapeau en berne pour le reste de la semaine en mémoire de M. Millaire.

Réactions politiques

Le premier ministre du Québec, Philippe Couillard, a commenté le triste événement sur son compte Twitter. «Un grand du théâtre et du cinéma nous quitte aujourd'hui. Merci Albert Millaire pour les moments et les émotions que vous nous avez fait vivre. Mes plus sincères condoléances à la famille, aux amis et aux proches», a-t-il écrit.

La ministre de la Culture et des Communications, Marie Montpetit, a elle aussi souligné la mort de M. Millaire.

«Un charisme unique, le théâtre et le jeu comme véritable vocation, Albert Millaire nous a fait don de son talent exceptionnel durant plus de 60 ans. Merci à ce grand homme de théâtre!», a-t-elle mentionné.

À Ottawa, le ministre du Patrimoine canadien et du Multiculturalisme, Pablo Rodriguez, a réagi en disant avoir appris la nouvelle «avec tristesse». «Il a marqué le cinéma, la télévision, et surtout le théâtre québécois. Mes pensées accompagnent sa famille et ses proches en cette période difficile», a-t-il ajouté.