Le Petit Théâtre du Nord fête ses 20 ans cet été. Les fondateurs - Luc Bourgeois, Sébastien Gauthier, Mélanie St-Laurent et Louise Cardinal - y jouent toujours. Portés par les mêmes désir et plaisir de favoriser la création québécoise.

Il était une fois quatre amis qui voulaient faire du théâtre l'été près de la maison. L'aventure, qui a commencé pour le plaisir dans une grange dont le toit a fini par s'effondrer, se poursuivra en 2019-2020 dans une ancienne église. Entre les deux, le Petit Théâtre du Nord aura remporté son pari de faire du théâtre de création en banlieue.

«On est probablement la seule compagnie estivale à ne faire que de la commande d'oeuvres», explique Mélanie St-Laurent, comédienne et directrice générale du théâtre. 

«On veut donner ce champ d'expertise aux auteurs, d'autant plus que notre public est curieux et capable d'en prendre. C'est un carré de sable où peuvent jouer auteurs et spectateurs.»

Une vingtaine de dramaturges différents ont écrit, seuls ou en groupe, les pièces qui y sont présentées depuis 1998. Cette année, c'est Quelque chose comme une grande famille, de François Archambault ; l'an prochain, la troupe vise une création par quatre autrices, dont Mélanie Maynard, Rébecca Déraspe et Gabrielle Chapdelaine. Toujours sur le mode comique.

«La comédie ne nous empêche pas de parler de sujets plus graves, dit Mélanie St-Laurent, comme la politique cette année. Le défi qu'on se pose, c'est de parler de tout, dans tous les styles de comédie.»

Débuts sur pilotis

Comme dans toute création théâtrale au Québec, toutefois, les débuts sont souvent fastidieux, incertains. Les quatre fondateurs étaient loin d'être assurés du succès de leur aventure en 1998.

«Tous les ans, on devait faire des travaux dans la grange, explique Luc Bourgeois, comédien et l'un des directeurs artistiques du théâtre. C'était en bois, donc on se couchait sous la structure pour égaliser le plancher. C'était bâti sur pilotis et situé dans une ancienne érablière.»

Entre cet édifice bancal et le centre communautaire de Blainville, où se déroulent en ce moment les spectacles, petit train va loin. Et le public a suivi.

«Vous vous imaginez que les textes sont très différents d'une année à l'autre. L'humour d'un Jean-François Nadeau est très différent de celui de Mélanie Maynard et de Jonathan Racine, par exemple. Mais les gens reviennent d'année en année parce qu'ils savent que la qualité est au rendez-vous», estime Sébastien Gauthier, comédien et directeur administratif du Petit Théâtre du Nord.

Dans l'ancienne église Notre-Dame-de-Fatima à Boisbriand, la prochaine salle ne sera guère plus grande, une cinquantaine de sièges de plus, mais c'est le cachet du Petit Théâtre du Nord.

«Dans une petite salle comme la nôtre, il y a une proximité avec les spectateurs. Les gens veulent ça. Avec l'annonce de la nouvelle salle, les gens voulaient surtout que l'intimité demeure», dit Sébastien Gauthier, comédien et directeur administratif du théâtre.

«Une histoire d'amitié»

La pièce de cette année de François Archambault porte sur l'annus horribilis 1982 au Québec. Il s'agit de sa quatrième création pour le Petit Théâtre du Nord.

«L'idée de départ, c'était qu'on se retrouve les quatre amis dans notre région à une autre époque. Notre histoire comme troupe, c'est une histoire d'amitié», précise Luc Bourgeois.

Ils sont cinq en scène, mais s'y ajoute la voix d'un certain premier ministre, René Lévesque (Emmanuel Bilodeau). Après le référendum, le Québec vivait une crise politique, économique et sociale.

«La pièce de François est un excellent exemple de ce qu'on fait depuis 20 ans, souligne Mélanie St-Laurent, des comédies intelligentes.»

Vingt ans et un Masque (prix du théâtre québécois remporté en 2004), le Petit Théâtre du Nord allonge les rails à mesure qu'il avance. Les projets affluent.

«On pense présenter à l'avenir une pièce pour le temps des Fêtes. Une comédie pour toute la famille», indique Mélanie St-Laurent.

PHOTO ROBERT SKINNER, LA PRESSE

Quelques affiches des pièces présentées par le Petit Théâtre du Nord depuis 20 ans, des créations aussi variées que celles de Jean-François Nadeau (Sac à sacs), Fanny Britt (La corde au cou) et Sarah Berthiaume (Les orphelins de Madrid).