Yves Jacques, qui mène une carrière sur deux continents depuis 25 ans, reviendra en force au théâtre à Montréal la saison prochaine. À la rentrée d'automne, le comédien jouera dans Je suis mixte, une pièce écrite et mise en scène par Mathieu Quesnel, à La Petite Licorne, a appris La Presse.

On sait déjà que l'acteur virtuose sera dans La face cachée de la Lune de Robert Lepage, au printemps 2019, au Théâtre Jean-Duceppe.

Sans jamais avoir rompu avec le Québec, le comédien s'y faisait rare sur les planches. Hormis les spectacles de Lepage, son dernier rôle remonte à 2001, dans Une journée particulière chez Duceppe aux côtés d'Élise Guilbault, et il faut remonter au début des années 90 pour le retrouver dans une création (Des restes humains non identifiés et la véritable histoire de l'amour, au Quat'Sous).

«Mathieu me sort de ma zone de confort tout en m'offrant des rôles qui sont faits pour moi. En atelier avec lui, je sens exactement la même énergie que celle que je ressentais en travaillant sous la direction d'André Brassard. Mathieu est un gars effervescent. Il déborde d'imagination et mène plusieurs projets de front», confie l'acteur.

Partir, revenir

Le titre Je suis mixte fait référence à la sexualité du personnage qui se retrouve dans un sauna mixte à Berlin. La pièce raconte l'histoire de deux hommes confrontés à la dualité de leur choix de vie. Ou comment un père de famille responsable et bien dans son foyer peut également avoir un esprit bohème, et une envie de fuite et de liberté. (La Licorne annoncera à la fin d'avril le nom des autres interprètes.)

«Il y a de l'humour, mais aussi un message très humain dans cette pièce. Il existe des gens qui peuvent avoir envie d'aller ailleurs voir s'ils existent autrement. Un peu comme je l'ai fait quand je suis parti à Paris en 1994.»

Mathieu Quesnel a rencontré Yves Jacques sur le plateau du film De père en flic 2, en juillet 2016. Les deux acteurs ont découvert qu'ils partageaient le même sens de l'humour.

«Après la journée, on allait prendre une bière dans un bar à Val-David, raconte Quesnel. On commentait des scènes du film en faisant des imitations de personnages publics. Yves imitait Claude Ryan et moi, Jean Chrétien. Je lui ai parlé de la comédie que j'étais en train d'écrire. Et j'ai pensé à un rôle pour lui.»

L'arrivée d'Yves Jacques dans le projet théâtral a nourri le propos de la pièce. «Ça apporte un côté proche de la performance et du témoignage, une vérité avec son personnage qui brise le quatrième mur, explique l'auteur. Le thème peut se résumer en une phrase : il faut oser vivre sa vie et accepter les conséquences de ses choix.»

Yves Jacques a tourné avec de grands réalisateurs dans sa carrière. Au théâtre, il a joué entre autres à l'Odéon avec Isabelle Huppert dans Les fausses confidences de Marivaux, un classique du répertoire français. Revenir sur scène à La Licorne pour jouer dans la pièce d'un créateur de 36 ans représente le genre de défi qui allume l'acteur du Déclin de l'empire américain et des Invasions barbares.

«Pour moi, aller à Cannes, faire des films avec Denys Arcand ou Claude Miller et jouer dans une salle de 100 places, c'est le même métier. "Jouez, beaucoup. Acceptez tout! De grands rôles, de petits rôles", m'a déjà conseillé Madeleine Renaud... Quand j'ai lu la pièce de Mathieu, j'ai été persuadé que je devais la faire», conclut Yves Jacques.

Photo Erick Labbé, Archives Le Soleil

Yves Jacques dans La face cachée de la Lune, une pièce de Robert Lepage