La comédie romantique Impromptu met en vedette Myriam LeBlanc (George Sand) et Maxim Gaudette (Frédéric Chopin). Une histoire d'amour... décapante, promet le metteur en scène Stéphan Allard.

Une pauvre duchesse s'ennuie toute seule dans sa maison de campagne. Une idée saugrenue lui traverse l'esprit: inviter les idoles de l'époque autour d'une bonne bouteille... qui tournera, malheureusement pour elle, au vinaigre!

Le poète Alfred de Musset en est, le compositeur Franz Liszt aussi, ainsi que le peintre Eugène Delacroix. En plus évidemment du couple de l'heure, Frédéric Chopin et George Sand.

«Ils sont attachants, dit le metteur en scène Stéphan Allard, mais ils vont vider la cave à vins et se péter la face.»

Des grands bien humains

Marie-Josée Bastien a retravaillé sa propre traduction du scénario de l'Américaine Sarah Kernochan, créée il y a quelques années à Québec. Le film avait été réalisé par James Lapine en 1991.

«C'est plus décapant que le film. On a pris la matière et on s'est envolés. On a toujours eu cette image très propre de George Sand, mais ça devait s'incarner. J'ai choisi de mettre les défauts en avant. On n'essaie pas d'en faire un tableau magnifique», explique Stéphan Allard.

Parce que de grands artistes, même s'ils ont pour noms George Sand et Frédéric Chopin, restent humains. À l'époque de cette rencontre entre intellectuels, Chopin était déjà malade, Sand se prenait déjà pour George Sand.

«Elle fait sentir aux autres que sa présence est importante. C'est compliqué, sa vie n'est vraiment pas simple», décrit le metteur en scène.

«Elle a quand même écrit une biographie de 1200 pages durant un an et demi, explique Myriam LeBlanc, qui incarne George Sand. C'est fascinant. Elle y parle d'elle et de son point de vue sur tout et rien. Un chaos avec plein de choses intéressantes.»

Happée par la télévision, la comédienne se dit heureuse de monter sur scène, autrement qu'en été, avec ce rôle principal. «Ce n'est pas que je ne voulais pas faire de théâtre, mais mon horaire m'en empêchait», dit l'actrice vue dans Apparences, 30 vies et Ruptures.

De son côté, Maxim Gaudette (Frédéric Chopin) est habitué aux rôles plus ténébreux. Et il est tout aussi heureux de se retrouver enfin dans une comédie romantique.

«La définition du romantisme, dit-il, c'est qu'il s'agit de comportements très enflammés, viscéraux. On est face à des tempéraments impulsifs. Il n'y a pas de demi-mesure dans cette pièce.»

Musique

La musique prend beaucoup de place dans le spectacle. Chopin, évidemment, mais «il y a des moments où on la laisse jouer, note le metteur en scène, comme si la pièce avait inspiré la scène qui se déroule. C'est une matière théâtrale hallucinante».

«La musique nous porte complètement. Il y a une force indéniable qui se dégage des pièces musicales. Il faut que ça m'habite», estime Maxim Gaudette.

Selon nos sources, toutefois, la rencontre entre Sand et Chopin ne ressemblait pas à un coup de foudre; le compositeur n'étant pas certain, au départ, d'avoir affaire à une femme, puisque l'écrivaine s'habillait en homme et fumait le cigare.

«Elle est tombée amoureuse de la musique d'abord et ensuite, elle a connu l'homme. Elle l'a materné pendant 10 ans, en fait, et on dit que Chopin a écrit ses plus grandes oeuvres en étant avec elle», dit Myriam LeBlanc.

Féministe avant la lettre, née au début du XIXe siècle, George Sand, ou Amantine Aurore Lucile Dupin de Francueil, a écrit 70 romans.

«C'était une femme très cultivée, très curieuse. Elle s'intéressait à tout. Sa grand-mère l'a élevée et l'a encouragée à vivre libre. Elle avait beaucoup d'assurance et réclamait son droit de parole», note Myriam LeBlanc.

«On comprend que ça a fait peur à Chopin au départ, cette personnalité envahissante. Mais cette femme-là devait être très intéressante. Elle aimait passionnément. C'est un couple incongru», croit Maxim Gaudette.

Hypocondriaque

Son personnage de Frédéric Chopin affiche des allures hypocondriaques dans cette pièce, lui le Parisien qui détestait la campagne.

«Ce n'était clairement pas aussi magnifique qu'on veut bien le croire aujourd'hui. La rencontre entre les mécènes et les artistes, l'idée de créer à la campagne, c'est moins bucolique que ce qu'on pense», affirme Myriam LeBlanc.

Dans sa mise en scène, Stéphan Allard avoue marcher sur la mince ligne qui sépare la comédie de la caricature avec Impromptu.

«On reste dans l'humanité de la chose, souligne-t-il. On n'appuie pas sur le bouton du grotesque. Mais c'est certain que ça remet en question l'image qu'on a. Quand je pense à Leonard Cohen, j'imagine le monsieur qui se levait le matin, fumait huit cigarettes en buvant son café. Ce n'était peut-être pas tout à fait ça.»

________________________________________________________________

Au Théâtre du Rideau Vert, du 20 mars au 21 avril.