Au lendemain de la sortie publique de quatre actrices qui ont accusé le directeur artistique du Théâtre Soulpepper à Toronto, Albert Schultz, d'inconduites sexuelles, quatre interprètes membres de la compagnie, dont deux cofondateurs, ont démissionné en bloc jeudi matin.

Le monde culturel au Canada anglais est doublement secoué. Les accusations visent un acteur, producteur et metteur en scène populaire, aimé et influent au pays; mais aussi l'avenir du théâtre qu'il dirige depuis 1998. En effet, le Soulpepper, renommé pour ses choix artistiques audacieux, risque de ne pas s'en sortir indemne. 

Jeudi matin en conférence de presse à Toronto, les comédiennes - Diana Bentley, Kristin Booth, Patricia Fagan et Hannah Miller - ont expliqué les raisons de leurs plaintes au civil contre Schultz. Elles accusent leur ex «mentor» d'être un «prédateur sexuel en série» qui aurait agi «au début de leurs carrières» dans ce théâtre situé dans le quartier historique The Distillery. Les allégations portent sur une période allant de 2000 à 2013. Leurs plaintes (séparées) visent aussi le Soulpepper Theatre, pour négligence et «aveuglement volontaire», durant deux décennies. Selon les victimes présumées, le CA de la compagne était au courant des comportements déplacés du directeur artistique. 

Rappelons que ces allégations n'ont pas été prouvées en cour. Albert Schultz se dit innocent. Il a pris un congé sans solde et veut se «défendre vigoureusement». La compagnie a nommé le vétéran Alan Dilworth à titre de directeur par intérim, en attendant les conclusions de l'affaire. Mais les quatre membres démissionnaires demandent carrément le renvoi définitif de M. Schultz.