Avec ses adieux à la comédie Broue et son succès dans La mort d'un commis voyageur, Marc Messier connaît une année extraordinaire. Et ça continuera en 2018. Son moment: la première de La mort d'un commis voyageur au Rideau Vert.

«J'ai eu beaucoup d'appréhension, d'anxiété, en répétant La mort d'un commis voyageur. J'avais beaucoup de texte à apprendre [180 pages] en peu de temps. J'ai reçu la nouvelle traduction assez tard à l'été. Je pensais manquer de temps pour mémoriser et assimiler mon personnage. Et j'ai paniqué un peu durant les répétitions. Début octobre, je suis arrivé vraiment sur la fesse le soir de la première au Rideau Vert. J'ai commencé à relaxer sur scène quelques jours après la première du 5 octobre.

«Il faut dire que c'était la première fois que je jouais une tragédie. De plus, je travaillais pour la première fois avec le metteur en scène Serge Denoncourt. Or, j'ai réalisé que jouer dans une comédie ou une tragédie, c'est la même chose: le silence du public équivaut aux éclats de rire. Dans des scènes particulièrement dramatiques de La mort d'un commis voyageur, tu n'entends pas une mouche voler dans la salle. Les spectateurs sont au bout des lèvres des interprètes. 

«Pour moi qui ai joué plus de 3000 fois dans une comédie qui fonctionnait très fort [Broue], la qualité du silence est aussi extraordinaire que les éclats de rire d'une salle bondée.»

«Serge et l'équipe d'acteurs m'ont beaucoup aidé aussi. Au début, il a fallu qu'on s'adapte. J'avais l'impression de revenir à l'école de théâtre, d'être à nouveau en apprentissage. Ça m'a pris un certain temps avant d'assimiler le texte. J'ai fait des italiennes avec une répétitrice tous les jours. J'en fais encore pour garder le rythme, car je reprendrai le rôle de Willy Loman lors de la tournée québécoise dès le 11 janvier 2018.

«Il faut dire qu'Arthur Miller a créé une grande oeuvre. Sa pièce est tellement bien construite qu'elle m'emporte inexorablement, même les soirs où je suis en moins bonne forme. C'est irrésistible, le génie de cet auteur-là!

«En 2017, j'ai vécu deux grands moments qui sont très différents. La dernière de Broue a été un moment d'euphorie. La première de La mort a été un moment de fierté et de soulagement. Je suis content de jouer ce rôle. Je suis arrivé à un moment dans ma vie où je vais là où mon plaisir m'amène. J'adore le personnage de Willy Loman. Il est attachant et touchant. C'est l'antihéros exemplaire.» - Propos recueillis par Luc Boulanger