Jusqu'au 30 août, Dramaturgies en dialogue offre la lecture publique de sept pièces: deux de dramaturges américains et cinq d'auteurs québécois, dont Maître Karim la perdrix de Martin Bellemare. Un texte au sujet plus que brûlant: les migrants.

La pièce de Martin Bellemare, Maître Karim la perdrix, a beau se passer dans un centre de rétention des étrangers en France, elle nous fait réfléchir à la réalité des migrants, réguliers ou pas, demandeurs d'asile ou pas. De ceux qui les accueillent ou qui les expulsent. À l'humanité des uns et des autres.

«J'ai essayé de montrer le point de vue autant des gens qui travaillent dans des associations d'aide que des gardiens ou des [personnes] retenues. C'est d'une grande complexité, le système administratif français. Je crois que c'est mieux organisé ici, tout comme en Belgique», dit le jeune dramaturge. 

Dans cette mise en lecture, Michel-Maxime Legault dirige Francesca Bárcenas, Alexandre Bergeron, Ahmad Hamdan, Ariel Ifergan, Anglesh Major, Maurice Papy Mbwiti, Mireille Tawfik et Mireille Métellus. Cette dernière, en plus d'être comédienne, est aussi intervenante à la Maison d'Haïti.

«Le texte m'a parlé, confie-t-elle. Je ne suis ni réfugiée ni demandeuse d'asile, mais j'ai reçu des gens de partout dans mon travail. En lisant la pièce, je reconnaissais bien des situations que j'ai connues. Quand je reçois des gens qui veulent rester ici, je ne leur donne qu'un conseil: "Dites la vérité!"» 

Racisme ordinaire

Le Karim de la pièce est un homme qui joue adroitement avec le système pour éviter d'être expulsé de France. Un homme fluide dans un monde flou qui, on le comprend, veut à tout prix éviter le retour à l'incertitude d'où il émerge.

«Même si la pièce se passe ailleurs, ça peut permettre de réfléchir à ces questions. La pièce, je crois, permet de sensibiliser les gens au parcours des nouveaux arrivants dans ce qui est similaire à notre contexte», explique Martin Bellemare, auteur de la pièce Maître Karim la perdrix.

«Si tu viens de certains pays, attention: tu ne circules pas mondialement comme tu veux», poursuit-il.

Le dramaturge a vécu en France et en Belgique, où il a été témoin du racisme ordinaire en étant lui-même demandeur de visa. 

«Pour les demandeurs d'asile, la vie des gens se joue devant ce qui ressemble à un tribunal et où on décide d'octroyer un droit de séjour de 10 ans ou non. J'avais un visa d'un an, mais je me demandais quelle était la différence avec les demandeurs d'asile. Je crois que cela dépend seulement des ententes entre les pays.»

À ce sujet, la comédienne Mireille Métellus estime que l'aspect documentaire de la pièce aide à comprendre bien des choses et bien des gens.

«Il ne faut pas avoir peur de dire les choses au public, croit-elle. Quand j'ai lu la pièce, cela a été un coup de poing parce que je travaille dans ce milieu. Martin a bien saisi le côté humain de la chose. Les migrants dépendent du bon lever de pied du douanier qui est là, qui croit ou pas l'histoire des gens.»

Immigration illégale

De son côté, face à la situation québécoise actuelle des demandes d'asile, Martin Bellemare dit ne pas voir comment un gouvernement peut agir contre l'immigration illégale.

«Il y a un système établi et des étapes à franchir. Vous voulez qu'on bâtisse un mur comme aux États-Unis? C'est ça, la solution? D'après moi, c'est toujours la crainte de perdre des acquis qui semble guider la réaction des gens face à l'immigration.» 

Mais il n'y a pas que du négatif dans l'attitude des uns et des autres face aux migrants et aux demandeurs d'asile, assure Mireille Métellus.

«Reconnue par le gouvernement, la Maison d'Haïti est un intervenant privilégié dans le dossier des demandeurs d'asile actuels. Nous sommes débordés depuis le début de l'arrivée des gens à la frontière. Ce qui est beau, c'est de voir le nombre de Québécois qui nous appellent pour offrir de l'aide en ce moment.» 

______________________________________________________________________

Au Centre du Théâtre d'Aujourd'hui le 29 août à 20 h.