Si le rire a été un élément libérateur dans la carrière de Pauline Martin, il a toujours été au service de l'humanité et de la vérité. À quelques semaines de son 65e anniversaire, l'actrice incarne une vieille mère indigne dans Irène sur Mars de Jean-Philippe Lehoux.

Pauline Martin a fait rire des millions de téléspectateurs à Samedi de rire et au Bye Bye. Elle a présenté plus de 400 fois le solo Bachelor partout au Québec. Or, elle est très heureuse de se retrouver, dès demain, sur la scène d'une salle de 75 places au Théâtre d'Aujourd'hui... «Pour moi, Irène sur Mars, c'est un vrai cadeau dans ma carrière», a-t-elle dit en entrevue avec le jeune metteur en scène et comédien Michel-Maxime Legault, actuellement artiste en résidence au Théâtre d'Aujourd'hui.

La comédienne parle avec ferveur de son rôle dans Irène sur Mars. Elle est pleine d'admiration devant le processus de création de Lehoux et de Legault, qui ont collaboré avec elle depuis le début du projet. 

«Je connais plusieurs actrices sexagénaires qui rêvent qu'un auteur et un metteur en scène de la relève leur confient un rôle, écrit pour elles, puis de le présenter dans un théâtre de création.»

De plus, l'idée de la transmission entre les générations est au coeur de la comédie dramatique de l'auteur de Napoléon voyage et de L'écolière de Tokyo. Créée à Carleton-sur-Mer, en Gaspésie, l'été dernier, Irène sur Mars met en scène une veuve de 63 ans qui décide de faire table rase, avant que la vieillesse ne l'empêche de réaliser ses rêves.

Or, son rêve tient de la folie: Irène s'inscrit dans un programme pour coloniser la planète Mars. Dès le début de la pièce, elle annonce à son fils qu'elle fait partie des finalistes du voyage spatial. Ensuite, on la voit trois ans plus tard, quelques jours avant l'annonce du grand départ, faisant ses adieux à ses proches, qui ont de la difficulté à la laisser partir.

La tragédie comique

Le personnage est taillé sur mesure pour la comédienne. Celle-ci confie un moment charnière: «Jean-Philippe [Lehoux] a dit une phrase qui m'a frappée: "J'ai mis dans la bouche d'Irène tout ce que j'aurais voulu que ma mère ose dire dans la vie." Et elle n'a pas la langue dans sa poche, Irène.»

En effet, voilà une mère sans filtre ni autocensure. Elle évoque un peu Rose-Aimée Dupuis, la vieille dame à la voix chevrotante de Samedi PM et Samedi de rire. Avec, en extra, une couche dramatique et une crise existentielle. 

«Pour moi, le côté comique et le côté dramatique dans le jeu de Pauline sont indissociables. Pauline est une actrice complète et toujours dans la vérité.»

Outre la conquête spatiale d'Irène, la pièce aborde des sujets plus terre à terre: les conflits de générations, mais aussi la complicité entre les générations; les relations parents-enfants; la famille éclatée, la vieillesse... «Les enfants se sentent ingrats face à leurs parents vieillissants; et les parents se sentent toujours coupables», dit la comédienne, qui a trois petits-enfants.

Elle l'a souvent dit: si la télévision l'a rendue populaire, Pauline Martin aime revenir au théâtre, à la création québécoise (l'actrice a commencé sa carrière à 21 ans en jouant dans Wouf Wouf, pièce mythique d'Yves Sauvageau). D'ailleurs, si la comédienne a un conseil à donner aux acteurs qui débutent dans le métier, cela concerne la responsabilité de l'interprète «d'ouvrir son emploi». «Il faut préserver notre palette de rôles, parce que tout le monde va essayer de nous faire faire le contraire: réduire notre emploi», dit-elle.

C'est aussi ça, la complicité intergénérationnelle.

Du 28 février au 18 mars, à la salle Jean-Claude Germain du Centre du Théâtre d'Aujourd'hui. En tournée au Québec à l'automne.

Des projets pour l'été

Pauline Martin remontera sur les planches l'été prochain. Elle fera partie de la distribution de la comédie Boeing, Boeing, présentée au Théâtre Hector-Charland à L'Assomption, dès le 5 juillet, dans une mise en scène d'André Robitaille.