Dès ce soir, Marie-Chantal Perron montera sur la scène du Rideau Vert pour défendre le destin extraordinaire d'une femme ordinaire dans La liste de mes envies. Portrait d'une pétillante comédienne.

Elle est rayonnante, Marie-Chantal Perron! Tel son personnage de Mademoiselle C., elle semble semer la joie partout où ses pieds se posent. En ce beau matin d'automne, la comédienne débarque dans la salle de rédaction de La Presse, débordante de gratitude.

«J'ai une source de joie très profonde en moi, confirme l'actrice. Mais elle a sa contrepartie: je suis de nature anxieuse. Ma vie peut être à la fois très exaltante et très angoissante. Parlez-en à ma psy!»

Marie-Chantal Perron aura 50 ans en février prochain. On ne la voit plus se balader dans les rues du Plateau à vélo, avec des tournesols accrochés au panier de sa bicyclette. Après avoir habité dans les Laurentides, elle est rentrée en ville, travaille toujours fort (autant pour sa gamme de vêtements que dans son métier d'actrice), en plus d'être amoureuse d'un «civil» - c'est nouveau pour elle.

«Ça va trop vite! Hier encore, je sortais de l'École nationale de théâtre. Heureusement, en vieillissant, j'arrive à mieux gérer mes angoisses et mon euphorie. Vieillir, c'est aussi mieux se comprendre.»

La vocation

«Dites-moi qui être, et je le deviendrai.» Telle est la devise de la Madeleine d'Unité 9. Depuis plus de 25 ans, Marie-Chantal Perron porte fièrement le chapeau d'interprète. Un métier à la fois beau et cruel, car il ne dépend pas seulement de sa volonté et de son talent.

Plus occupée au cinéma et à la télévision ces dernières années, l'actrice incarnera dès ce soir au Rideau Vert le personnage principal de La liste de mes envies. Il s'agit de l'adaptation par Maryse Warda du roman à succès de Grégoire Delacourt (plus de 440 000 exemplaires vendus dans le monde), dans une mise en scène de Marie-Thérèse Fortin.

Marie-Chantal Perron est à l'origine de cette production de Juste pour rire spectacles. En 2012, la comédienne a rencontré l'écrivain français sur le plateau de Tout le monde en parle.

«Delacourt m'a fait... la cour en ondes, se souvient-elle. Ça a cliqué entre nous. Toutefois, j'ai attendu des mois avant de lire son roman. Quand je l'ai commencé, je l'ai dévoré d'un coup! Je me suis tout de suite identifiée au personnage de Jocelyne.»

«C'est un récit extrêmement touchant. Sous la forme du conte, l'auteur y aborde des questions complexes de notre époque.»

Perron a tout de suite informé Delacourt de son projet d'en faire une pièce. Puis, avec Lucie Rozon et Pierre Bernard, elle a monté une équipe, composée presque entièrement de femmes. «J'ai mon dream team!», dit l'actrice.

L'argent fait-il le bonheur?

Jocelyne (Marie-Chantal Perron), propriétaire d'un atelier de couture en région, mène une existence tranquille avec son mari Jocelyn (Steve Laplante), employé dans une usine. Rêveuse, elle se contente néanmoins de plaisirs simples et de petits bonheurs. Sa vie est chamboulée lorsqu'elle remporte le gros lot. Jocelyne réalisera que cette importante somme d'argent est un cadeau empoisonné.

Jocelyne dit ceci: «Je possédais ce que l'argent ne pouvait pas acheter, mais juste détruire. Le bonheur.» Et aussi: «Décider de sa vie, c'est le plus grand cadeau qui puisse nous être fait.»

Marie-Chantal Perron se retrouve entièrement dans ces propos. «L'argent est essentiel. Il nous donne une immense liberté, mais il peut aussi être un piège. Surtout quand l'argent tombe du ciel. C'est comme pour la célébrité instantanée. Si l'on ne cherche que la gloire ou la richesse, sans se poser des questions, sans réfléchir à nos valeurs et nos envies, ça ne fait que remplir le vide.»

Et des questions, Marie-Chantal Perron n'a pas fini d'en poser. Sur la scène comme dans la vie. 

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Au Rideau Vert du 11 octobre au 12 novembre, en tournée au Québec jusqu'en juin 2017.