Pour la deuxième année, le Théâtre du Ricochet offre une pièce dans un parc près de chez vous. Indiscrétions publiques est présentée jusqu'au 17 septembre.

Dans un parc, autour d'un banc, le théâtre peut survenir. Le duo Sabrina Johnson et Frédéric Jeanrie, du Théâtre du Ricochet, croit au théâtre de rue, celui qui interpelle, qui fait réfléchir le spectateur.

« Je vois le théâtre comme un reflet de nous-mêmes, de la société, plus que comme une amplification de la réalité », dit l'instigatrice du projet, Sabrina Johnson, qui avait participé à une initiative semblable en Irlande il y a deux ans.

« J'ai vécu à Dublin et rencontré l'instigatrice du projet Angels in the Park, Aoibhinn Marie Gilroy. Ça m'a beaucoup inspirée. Les gens venaient voir du théâtre beau temps, mauvais temps. C'était spontané et enivrant », souligne Sabrina Johnson.

À son retour, elle prend contact avec un collègue, Frédéric Jeanrie, qui avait étudié en Italie, entre autres, la commedia dell'arte.

« En Europe, dit-il, l'art est un bien commun et le théâtre dans l'espace public est davantage une réalité. Ici, même sur la place Jacques-Cartier, les forains doivent avoir un permis. »

SUJETS SOCIOPOLITIQUES

Les deux ont adapté Angels in the Park en y collant des sujets sociopolitiques.

« On avait en tête de parler un peu de politique et de favoriser le jugement critique des gens en abordant des sujets d'actualité ou sociaux. Avec l'idée de faire découvrir le théâtre à des gens qui ne le connaissent pas beaucoup », ajoute le jeune homme.

Avec 25 représentations, le projet pilote a eu du succès l'an dernier, notamment aux parcs Molson et La Fontaine.

Les 15 représentations de cet été ne sont par présentées là où joue La Roulotte qui, comme on le sait, s'adresse à un public jeunesse. Le Théâtre du Ricochet ira pour la première fois à Verdun, Montréal-Nord et Pointe-aux-Trembles cette année.

COURTES PIÈCES

Le spectacle Indiscrétions publiques présente sept courtes pièces qui durent de cinq à dix minutes, traitant de sujets comme l'importance de voter, les autochtones, le marketing de la pauvreté, le deuil et la construction immobilière sauvage.

« On lance des pistes de réflexion afin que les gens puissent se faire une opinion par la suite. On n'impose pas d'idées toutes faites », explique Sabrina Johnson.

Le projet encourage la relève autant chez les interprètes que chez les auteurs, comme Andréanne Joubert (prix Louise-LaHaye du CEAD en 2014), Véronique Grondines (Théâtre PAP) et Dominic Laperrière-Marchessault (finaliste au prix du Jeune écrivain en France).

« On crée un réseau aussi, estime Sabrina Johnson. On brise les liens des écoles, cégeps ou conservatoires. Les gens se rencontrent et partent d'autres projets ensemble. Généralement, ils se connaissent peu au début de l'été. »

La scénographie est simple : un banc, quelques accessoires et, surtout, 14 comédiens.

« On ne retrouve pas de A dans le groupe, dit Sabrina Johnson en souriant. Notre but, c'est que tout le monde puisse passer pour un inconnu. On veut amener les spectateurs à voir les autres d'un oeil différent. »

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Au parc La Fontaine samedi et dimanche à 15 h, et dans différents parcs jusqu'au 17 septembre

PHOTO FRANÇOIS ROY, LA PRESSE

Les comédiens Pascal Rousseau et Jordane Houde, du Théâtre du Ricochet, dans le parc Molson, où le spectacle Indiscrétions publiques a été présenté récemment.