Le Théâtre du Rideau vert a accueilli ceux qui ont voulu exprimer une dernière fois leur appréciation envers la comédienne Rita Lafontaine, lundi, lors d'une cérémonie à sa mémoire.

Plusieurs ont simplement décrit «ma Rita», leur Rita, et comment elle avait changé leur vision du théâtre, de la façon d'incarner un personnage ou même de devenir momentanément ce personnage.

D'autres ont décrit son humilité, mais aussi sa grandeur, celle des femmes québécoises de sa génération qui n'étaient pas sûres d'elles-mêmes au départ, mais qui ont foncé et réussi.

Les Guylaine Tremblay, Sophie Prégent, Gilles Renaud, Clémence Desrochers, Janette Bertrand, Christian Bégin et Denise Filiatrault ont livré un témoignage personnel, parfois étouffé par les sanglots.

«La première fois que je l'ai vue, c'était ici, pour la première des Belles soeurs. Michel Tremblay et André Brassard étaient assis là et, à la fin, j'étais sortie et j'avais dit: je la veux Rita, je la veux. J'étais en train d'écrire Grand-papa (un téléroman) et je voulais cette actrice extraordinaire, qui faisait penser à toutes les femmes de l'Est. Moi, je viens de la rue Ontario et Frontenac (dans l'Est de Montréal) et toutes les femmes de l'Est avaient l'air de Rita», s'est rappelée l'auteure Janette Bertrand.

«Merci de m'avoir bouleversée, touchée, de m'avoir fait rire et pleurer à travers tous tes personnages. Merci de m'avoir inspirée, de m'avoir appris, à moi comme à nous tous, ce qu'est jouer avec la plus grande vérité possible», a lancé la comédienne Guylaine Tremblay, la gorge nouée.

Du côté politique, Pierre Karl Péladeau, chef de l'opposition officielle, et Françoise David, de Québec solidaire, se sont adressés aux proches présents ainsi qu'aux représentants du milieu culturel.

La ministre de la Culture et des Communications, Hélène David, n'a pu être présente, devant assister à l'étude des crédits de son ministère à Québec. L'Assemblée nationale a toutefois adopté une motion pour rendre hommage à cette grande comédienne.

M. Péladeau a comparé la personnalité de Mme Lafontaine à celle du peuple québécois. «Son humilité est un peu à l'image du Québec. (...) Cette humilité était caractérisée par une espèce d'hésitation existentielle, comme si elle nous avait dit, dans son parcours professionnel au départ, qu'elle n'était pas certaine d'être capable. Et nous, les Québécois des dernières décennies, avons aussi passé par cette interrogation», a affirmé le chef de l'opposition officielle à l'Assemblée nationale.

Le conjoint de Rita Lafontaine, Jacques Dufour, touché par tous ces hommages, s'est brièvement adressé au public et à ceux qui l'ont côtoyée au théâtre, au cinéma, à la télévision et dans la vie, pour leur dire qu'ils l'avaient rendue heureuse. «Prenons soin les uns des autres», a-t-il conclu.

Plusieurs autres personnalités du milieu culturel assistaient à la cérémonie non religieuse, parmi lesquelles René-Richard Cyr, Lorraine Pintal, France Castel, Yves Desgagnés et Sophie Faucher.

Mme Lafontaine est décédée le 4 avril à 76 ans, à la suite de complications liées à des problèmes intestinaux.